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implacable contre le catholicisme ; c’est assez dire à quelles oppositions se sont heurtés les promoteurs du mouvement, les chrétiens-sociaux. Il faut tenir compte aussi du mouvement nationaliste, qui rend impossible dans l’empire d’Autriche une législation unifiée. La législation autrichienne est donc plus intéressante à étudier dans ses tendances que dans ses résultats.

En Autriche, la grande industrie reste encore en dehors de toute réorganisation du travail. Elle supporte les charges des lois sur l’assurance obligatoire contre les accidens et les chômages forcés qu’entraînent la maladie ou la vieillesse. Ces lois sont calquées sur la législation allemande. Les principales lois qui réglementent le travail sont : 1° la loi sur l’organisation sociale de l’industrie ; 2° la loi créant un corps d’inspecteurs des fabriques ; 3° la loi sur l’assurance obligatoire des ouvriers contre les accidens ; 4° la loi sur l’assurance obligatoire des ouvriers contre la maladie ; 5° la loi sur l’assurance obligatoire contre la vieillesse.

Toute cette législation s’est inspirée des paroles du prince Aloyse de Liechstenstein : « Le travail n’est pas une affaire privée, mais une fonction déléguée par la société à chacun de ses membres. Le paysan qui laboure son champ, l’ouvrier qui travaille dans son atelier est un fonctionnaire de la société, aussi bien que l’employé du gouvernement dans son bureau, ou l’officier sur le champ de bataille. Le travail, comme toute fonction, crée donc des obligations réciproques entre celui qui le fournit, la société, et celui qui l’exécute, l’ouvrier. » Auprès de cette conception, combien paraît étroite la définition qui fait du travail une marchandise soumise à la loi de l’offre et de la demande ! Ces lois ont été votées par une majorité catholique et très nettement fédéraliste.

La grande industrie est en Autriche aux mains des juifs et des Allemands ; une organisation corporative établie suivant le type allemand eût soumis l’industrie slave, encore faible et à ses débuts, au contrôle et à la surveillance de l’élément judéo-allemand. Dans les assemblées ouvrières, l’élément catholique eût été débordé par l’élément libéral. Les partis slaves et catholiques se sont unis sur le terrain social et ont su donner à la législation un caractère qui lui est propre. Aussi, tandis que les lois allemandes, constituant une partie intégrante du plan de campagne contre les socialistes, apparaissent trop souvent comme des lois de police et de réglementation, les lois autrichiennes ont