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à 100 centimètres cubes. On détermine le point de congélation de ces solutions : il est partout inférieur à zéro. On trouve que dans le vase qui contient le sucre de cannes, la température de formation de la glace est — 0°, 054 ; l’abaissement par rapport à l’eau pure est donc 0°, 054 : il est de 0°, 096 pour l’acide citrique ; 0°, 102 pour la solution tartrique ; 0°, 138 pour la solution malique ; 0°, 291 pour la glycérine ; 0°, 205 pour l’acide oxalique ; 0°, 402 pour l’alcool.

Ce sont là les abaissemens du point décongélation pour 1 gramme de substance dissoute : ces nombres sont nommés les coefficiens d’abaissement des diverses substances considérées. Ce sont des nombres très différens, sans signification appréciable.

M. de Coppet, en 1872, eut l’idée de se demander ce que seraient ces abaissemens, non plus pour 1 gramme des corps qu’il considérait, mais, en ce qui concerne chacun d’eux, pour le nombre de grammes que représente son poids moléculaire. M. Raoult, plus tard, s’est posé la même question à propos des substances dont nous venons de donner la liste. La réponse est facile. La loi de Blagden, supposée exacte, enseigne que l’abaissement est proportionnel au poids. L’abaissement qui était de 0°,54 pour une dissolution contenant 1 gramme de sucre de cannes dans 100 centimètres cubes d’eau, sera pour 342 grammes (qui est le poids moléculaire de ce corps) 342 fois plus grand, c’est-à-dire 342 X 0°,054 ou 18°,5. C’est là ce que l’on nomme l’abaissement moléculaire.

Or, — et c’est ici le fait remarquable, — si l’on fait le même calcul pour toutes les autres substances de la liste, on tombe toujours sur le même chiffre 18°, 5[1].

Cette coïncidence ne saurait être fortuite, puisqu’elle se répète chaque fois invariablement. Elle a au contraire une signification très profonde. L’abaissement moléculaire est constant ; c’est dire qu’est constant, quel que soit le corps considéré, l’abaissement de congélation produit par le même nombre de molécules, puisque les poids moléculaires des divers composés répondent sinon à une molécule, au moins à des nombres égaux de molécules. Chaque molécule d’un corps, quel qu’il soit, abaisse d’une manière identique le point de congélation. Une molécule quelconque équivaut à une autre molécule quelconque.

  1. Les poids moléculaires sont, en effet, 342 pour le sucre de cannes, 192 pour l’acide citrique, 180 pour le glucose, 150 pour l’acide tartrique, 134 pour l’acide malique. 92 pour la glycérine, 90 pour l’acide oxalique, 46 pour l’alcool. Les produits de ces nombres par les abaissemens respectifs, 0,054 : 0,096 ; 0,102 ; 0,123 ; 0,138 ; 0,205 ; 0,205 ; 0,402, — donnent invariablement 18,5