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plusieurs navires, dans les détroits qui séparent la Baltique de la mer du Nord, ainsi que dans cette dernière mer, des observations poursuivies pendant plusieurs années, relatives aux courans superficiels et profonds, et destinées à établir les lois des migrations des harengs dont la pêche joue un rôle si considérable dans l’industrie de ces nations. De leur côté, les Allemands étudient avec soin la distribution du plankton, cette matière vivante qui flotte dans la mer indépendamment de sa volonté et dont, par conséquent, la quantité dépend des courans, de la température des eaux, de leur salure et de diverses autres circonstances physiques. Cette question est intimement liée à ce qu’on appellerait volontiers le dosage administratif de la population de pêcheurs en état de gagner sa vie sur un espace maritime déterminé, par la capture du poisson dont la quantité est proportionnelle à la masse du plankton répandu sur cet espace et lui servant de nourriture. A notre époque où, par suite d’une consommation sans cesse croissante de charbon et de fer, les gisemens s’épuisent avec une effrayante rapidité, n’est-on pas en droit de prévoir à bref délai une grave révolution dans les conditions de l’industrie aujourd’hui si fière d’elle-même ? Après un amoindrissement considérable de la marine à voiles remplacée par la marine à vapeur, on commence à constater, aux Etats-Unis, par exemple, un relèvement progressif de la première. Ayant perfectionné son matériel, guidée par les progrès récens de l’océanographie, avec ses équipages réduits, ne consommant pas de charbon, profitant pour son fret de l’énorme espace réservé à celui-ci à bord, elle réussit à compenser le désavantage d’une vitesse moindre et à lutter contre la marine à vapeur. Déjà Franklin et ensuite Maury, par leur étude systématique des courans et des vents, étaient parvenus à diminuer de beaucoup la durée des traversées et à modifier l’économie générale du commerce maritime. Qui sait si l’étude des courans sous-marins, encore si mal connus, mais qu’on sait être très différens en intensité et en direction des courans superficiels, ne conduira pas à créer des navires à double voilure, l’une aérienne pour les courans aériens qui sont les vents, l’autre immergée et destinée à profiter des courans sous-marins, de manière que les deux modes de propulsion, utilisés isolément ou ensemble selon les circonstances, se prêtent un mutuel concours et amènent plus vite le bâtiment au terme de son voyage. On a vu des navires de fort tonnage qui, après avoir