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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/211

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sensiblement différer des sondes actuelles, et consistaient certainement en un poids lourd suspendu à une corde.

Il faut attendre Magellan, en 1521, pour retrouver des tentatives analogues. Pendant son grand voyage de circumnavigation, au cours duquel il devait périr d’une mort si misérable, il essaya vainement de toucher le fond entre deux îles coralliennes de la mer du Sud, celles de Saint-Paul et de los Tiburones.

Un peu plus tard, en 1543, le cardinal Nicolaus Cusanus eut une idée originale, reprise depuis par un architecte italien, Alberti, par un géomètre allemand nommé Puehler, vers 1650, et enfin par l’Anglais Hooke, en 1726, qui a décrit son instrument sous le nom de Explorator profunditalis, distantiæ abyssi. L’idée était la suivante.

Dès le début, on avait soupçonné, à juste raison, que dans un sondage profond, la difficulté provenait du poids attaché à la ligne de sonde. Il est probable qu’on y fut amené pratiquement par les fréquentes ruptures de la ligne pendant la descente, et surtout pendant la remontée, si l’on avait pris un poids très lourd, puis par la fatigue et le long temps nécessaires pour ramener le plomb. Si le poids destiné à aller au fond était indispensable, en était-il de même de la ligne qui le soutenait ? On essaya de la supprimer.

Supposons un poids très lourd, une sphère de fonte, un boulet de canon muni d’un crochet auquel est accrochée une seconde boule légère, en bois. Le système étant jeté à la mer, si l’ensemble de ses deux parties est suffisamment pesant, il va descendre jusqu’au fond. Admettons que le mode d’accrochage soit tel qu’en touchant le sol résistant, la boule légère se détache automatiquement, elle abandonnera le boulet désormais perdu et, traversant l’eau, elle parcourra en sens inverse la route suivie à la descente, et reviendra apparaître à la surface. Il suffira de noter exactement le moment de la mise à l’eau et celui de l’apparition de la boule de bois pour que, renseigné par quelques expériences préliminaires en profondeurs connues, on déduise du temps total écoulé celui de la remontée, c’est-à-dire l’espace compris entre le fond et la surface ou, en d’autres termes, la profondeur cherchée de la mer en cet endroit.

Malheureusement quand on passait à l’expérience, on n’obtenait aucun résultat. Combien d’excellentes idées en sont là !

Tout d’abord, l’instant de l’apparition de la boule légère est