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REVUE MUSICALE

Théâtre de l’Opéra : Lancelot, drame lyrique en quatre actes ; paroles de Louis Gallet et M. E. Blau, musique de M. Victorin Joncières. — Théâtre de l’Opéra-Comique : Louise, roman musical en quatre actes ; paroles et musique de M. Gustave Charpentier.


Rien ne manque au Lancelot de M. Joncières, de ce qui constituait jadis un opéra, et même un fort bel opéra. Ce très convenable ouvrage est conforme à la lettre, sinon tout à fait à l’esprit, ou au génie, de nombreux chefs-d’œuvre, déjà anciens, et impérissables. Ce n’est pas les chefs-d’œuvre wagnériens que je veux dire : après avoir été l’un des premiers à comprendre Wagner et à l’admirer, M. Joncières est demeuré l’un des derniers, et des plus obstinément résolus, à ne l’imiter point. En quoi d’ailleurs il a eu raison deux fois, et cela, — dans cette affaire surtout, — ne fut pas donné à tout le monde.

L’élément wagnérien à part, tout est réuni dans Lancelot. La mélodie y abonde et le cantabile, sans fausse honte, s’y épanouit. Ténor, mezzo soprano et baryton, « ils chantent encore » et quelques-uns de leurs chants ne sont pas à mépriser. La tonalité générale, comme la mélodie, n’a rien non plus qui déplaise. M. Joncières a du goût pour les tons « riches. » Il se complaît dans l’opulence, — un peu banale, — du sol ou du ré bémol et du sol dièse mineur.

« Il y a chanter pour chanter, disait Grétry, et chanter pour parler. » D’aucune de ces deux manières, on ne saurait dire que la musique de M. Joncières chante mal. Respectueuse de la voix, elle ne l’est pas moins de la parole. Partout dans Lancelot l’accent tombe où il faut et comme il faut. Et l’orchestre non plus ne sonne pas autrement qu’il ne doit et, selon l’ordre accoutumé, le hautbois et la clarinette se répondent. Les rythmes alternent aussi régulièrement que les