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qu’il trouve excellentes, « plus aromatiques que les communes, voire quasi musquées, » et il en veut propager l’espèce. Il en envoie au directeur du jardin royal d’Hyères et à ceux de ses amis qui peuvent le mieux les répandre dans la contrée[1]. On le voit, à côté du savant, nous retrouvons toujours chez Peiresc l’homme serviable et généreux, aussi ardent à la recherche de la vérité qu’empressé à être en toute occasion utile à ses semblables.


IV

La littérature et les arts n’étaient pas moins chers à Peiresc que la science et il ne les a pas moins bien servis. En même temps que les bons esprits d’alors travaillaient dans l’ordre politique à l’affermissement de l’autorité royale, les plus cultivés parmi eux s’employaient avec une efficacité pareille à la fixation de notre langue. Successivement épurée et assouplie par les efforts des âges précédens, celle-ci était désormais mûre pour la perfection. Parmi les lettrés de cette époque, Peiresc était un des plus instruits et des plus judicieux, et la pénétration, la curiosité de son intelligence devaient s’exercer dans le domaine entier de la littérature. Il aimait l’histoire et il voulait qu’elle fût écrite avec ordre, avec clarté, avec un souci constant d’impartialité et en s’entourant de toutes les lumières qui peuvent l’éclairer. Des premiers, il avait compris tout ce que les monumens des différens âges fournissent de ressources pour les mieux connaître. Inscriptions, bas-reliefs, statues, médailles, monnaies, armes, meubles et objets du culte étaient pour lui autant de documens aussi positifs que les écrits mêmes que nous a laissés l’antiquité, car ils peuvent très efficacement nous aider à comprendre les usages et les mœurs des peuples anciens, la grandeur et la décadence des civilisations disparues, la filiation et le caractère propres de chacune d’elles. Avec une sincérité absolue, il consultait toutes ces informations éparses, et sa passion pour l’archéologie alla toujours en augmentant. C’était pour lui l’étude par excellence, celle qui flattait tous ses goûts et qui contentait toutes ses aspirations. Dès sa jeunesse, nous l’avons dit, il avait commencé à acheter des livres, des pierres gravées, des objets curieux ou anciens de toute sorte. Un de ses manuscrits qui appartient au

  1. On peut consulter à ce propos l’intéressante conférence sur Peiresc faite par M. Joret, professeur à la Faculté des lettres d’Aix, le 11 mai 1894.