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plus efficaces. Telle fut l’origine de la législation de sûreté publique qui fait l’objet de cette étude. Mais cette œuvre difficile devait se heurter à des complications multiples. La première fut une double crise ministérielle, qui se produisit dans l’espace d’un mois. Le ministère di Rudini, qui était au pouvoir depuis le mois de décembre précédent, n’était pas unanime sur ce qu’il y avait lieu de faire, tout en l’étant sur la nécessité de faire quelque chose. Ce gouvernement, qu’on avait été obligé de recruter, par suite des nécessités parlementaires, dans des partis et des groupes disparates, était divisé entre deux tendances opposées : celle que représentait le marquis Visconti-Venosta, membre de la Droite, et celle de M. Zanardelli, de la Gauche avancée. Or, un point assez délicat allait mettre en conflit ces deux tendances extrêmes. Nous voulons parler de l’attitude du clergé pendant les troubles, en particulier à l’occasion de l’insurrection de Milan. Le Quirinal reprochait au Vatican d’avoir favorisé les menées révolutionnaires, par esprit d’hostilité contre la Couronne, et l’on put assister au spectacle étrange de prêtres comparaissant devant les conseils de guerre côte à côte avec des socialistes avérés. Nous n’avons pas à nous prononcer ici sur ce différend, mais simplement à le mentionner, puisqu’il devait avoir des conséquences importantes. En effet, M. Zanardelli et ses amis radicaux voulaient que les lois projetées atteignissent surtout le Saint-Siège ; on a même assuré qu’ils désiraient toucher à la loi des Garanties. Au contraire, M. Visconti-Venosta et ses amis conservateurs ne voulaient pas qu’on inquiétât le Vatican, et réservaient toutes leurs rigueurs pour les socialistes et les révolutionnaires. Cette divergence de vues réduisant le ministère à l’impuissance, M. Visconti-Venosta mit fin à cette situation en donnant sa démission, sur quoi le ministère tout entier se retira, le 28 mai. M. di Rudini, chargé par le roi de reconstituer le cabinet, élimina de sa combinaison les tendances extrêmes, en laissant de côté MM. Visconti-Venosta et Zanardelli. Le Ier juin, il parvint à mettre debout un cabinet un peu plus homogène que le précédent.

Le nouveau ministère se présenta au Parlement, le 16 juin, avec les projets de loi attendus. Fidèle à sa tactique antérieure, son chef faisait figurer dans son programme des mesures économiques, destinées à atténuer la misère, et des mesures répressives visant la propagande subversive. Ces dernières se subdivisaient