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du 2 décembre, avait annoncé que trois attachés militaires français et un attaché militaire autrichien venaient d’arriver et parlaient pour le Natal. Un télégramme de la Haye (7 décembre) nous avisait bientôt que le capitaine de Ram et le lieutenant Thomson, ayant appartenu à l’armée des Indes, allaient partir pour le camp boer en qualité d’attachés militaires hollandais. A Washington, un député démocrate déposa sur le bureau de la Chambre des représentans, le 16 décembre, un projet de résolution conjointe, déclarant que l’état de guerre existait dans l’Afrique australe, suivant les règles de belligérance fixées par le droit international ; protestant en conséquence contre la direction barbare que la Grande-Bretagne imprimait à la guerre ; et conviant le président de la grande république à prendre toutes les mesures nécessaires d’abord pour rappeler les belligérans à l’observation des lois internationales, ensuite pour faire aboutir la guerre de l’Afrique australe à une paix honorable. Du moins, dans les derniers jours du même mois, le président Mac-Kinley annonça que le département allait se faire représenter au camp boer par un officier de l’armée fédérale.

La France ne se décida pas du premier coup. Le prince Henri d’Orléans reprocha vivement à notre gouvernement ce retard ou cet oubli, dans une lettre adressée au Matin le 25 décembre. Il allait jusqu’à se demander si nous ne manquions point par-là même « aux règles de la neutralité, puisque nous avions accrédité le commandant d’Amade près le général en chef des armées anglaises. » Mais ce reproche ne fut pas longtemps mérité : le capitaine Démange, de l’état-major général de l’armée, fut désigné pour représenter notre pays près le général Joubert.

En droit strict, ces tierces puissances, je le répète, n’ont pas engagé leur liberté pour l’avenir ; mais il faudrait être bien aveugle ou bien ignorant pour contester l’empire des circonstances, et les plus rigides jurisconsultes doivent comprendre que, si la reconnaissance de la belligérance n’implique pas nécessairement la reconnaissance de l’indépendance, elle est loin de l’empêcher.

Tel est assurément l’avis de M. Labouchère[1] à Londres, et du Sénat américain à Washington comme représentant officiel du Transvaal et pour quelle raison cette requête aurait été repoussée (dépêche de New-York, 19 janvier 1900).[2].

  1. M. Labouchère demande, dans un article public par le Truth (18 janvier 1900), que l’Angleterre aboutisse à la reconnaissance de l’indépendance.
  2. Le Sénat adopte une résolution mettant le président Mac Kinley en demeure de faire savoir au Congrès si un citoyen boer n’a pas demandé à être reconnu