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mouvement volontaire, délibéré et approprié au but, qui est une manifestation caractérisée d’une volonté consciente. Les naturalistes procédèrent de même en comparant les manifestations nerveuses, instinctives, conscientes ou simplement automatiques, dans toute la série des animaux, et en insistant sur l’impossibilité d’établir une coupure nette entre ces diverses catégories. Ce furent surtout les anatomistes qui crurent apporter les argumens les plus convaincans. Ils n’eurent pas de peine à mettre en lumière l’analogie de constitution élémentaire et de structure des centres nerveux encéphalo-rachidiens et de l’écorce cérébrale, composés les uns et les autres des mêmes cellules et des mêmes fibres, ou du moins de cellules et de fibres d’un type très homogène. S’appuyant sur un préjugé arbitraire d’après lequel la variété des phénomènes entraînerait la variété des structures, et réciproquement, ils conclurent de l’analogie anatomique à l’identité physiologique. Les embryogénistes, enfin, firent observer que les centres nerveux et l’hémisphère cérébral avaient la même origine, qu’ils provenaient les uns et les autres du même organe primitif, le tube nerveux encéphalo-rachidien, et présentaient une évolution dont les premiers stades se confondaient complètement.


Tous ces efforts tendaient au même but. Il s’agissait de discréditer une division des actes nerveux en actes consciens et actes inconsciens, les uns ayant pour instrument l’écorce cérébrale, les autres les centres gris encéphalo-médullaires. On n’avait pas tort en essayant de rejeter de la physiologie une division fondée sur des considérations qui lui étaient étrangères, sur la distinction fondamentale de l’âme et du corps, de l’esprit et de la matière, et sur l’idée cartésienne de leur hétérogénéité absolue. On avait raison de vouloir substituer au préjugé philosophique de la dualité des actes nerveux la doctrine de leur unité essentielle. Seulement, cette unité, on la plaçait où elle n’était pas, en identifiant l’hémisphère cérébral au reste du névraxe, moelle épinière, bulbe et ganglions.

Il n’est pas vrai que l’anatomie et le développement justifient une assimilation complète de l’hémisphère cérébral aux autres centres nerveux. Il y a entre eux une diversité très appréciable dans le mode de différenciation. Il est entendu qu’ils proviennent les uns et les autres du tube nerveux primitif, encéphalo-rachidien