se dérouler que d’une impulsion, d’un amorçage, sont sous la domination possible du système nerveux. Celui-ci peut, en effet, leur apporter cette provocation ou ce signal d’action, et il ne peut d’ailleurs pas leur apporter autre chose.
Au contraire, tous les processus qui, dans l’être vivant, reposent sur la modification d’un équilibre stable, c’est-à-dire d’un état réversible, échappent à la prise directe du système nerveux, car il faudrait pour opérer cette modification un apport d’énergie dont le nerf est incapable. Ce qui circule en lui, ce n’est pas une quantité énergétique appréciable, c’est une force de dégagement, un simple stimulus. M. Morat a fait observer que les fermens solubles, qui constituent une autre catégorie d’agens exécutifs, très particuliers à l’être vivant, sont dans une situation analogue. Ils n’apportent pas d’énergie dans les réactions où ils interviennent, ils n’en cèdent habituellement pas aux corps dont ils provoquent la décomposition : ils agissent à la façon du stimulus nerveux. Ils sont donc capables de suppléer le système nerveux dans un certain nombre de phénomènes et ils partagent avec lui la direction d’une catégorie nombreuse d’actions vitales.
Les phénomènes nerveux ne sont jamais des actes isolés. Ils forment des enchaînemens, des séries liées. Si l’on arrivait, par quelque artifice, à susciter le fonctionnement d’une partie limitée de l’appareil, les choses n’en resteraient pas là. L’activité ne s’éteindrait pas sur place ; elle se propagerait, au contraire, de proche en proche jusqu’à un centre nerveux, et de là à quelque organe fonctionnel : elle produirait finalement la contraction d’un muscle, la sécrétion d’une glande ou une sensation perçue. L’acte fonctionnel est l’aboutissant fatal de toute activité nerveuse. L’action nerveuse est une action dirigée : c’est une succession d’actes qui a lieu dans un ordre déterminé.
Le plus simple de ces enchaînemens a reçu le nom de cycle d’excitation, cycle réflexe<ref> Le nom de réflexe est encore l’un de ceux qui prêtent à confusion, parce que l’acception en a changé depuis le temps où Astruc, au siècle dernier, l’introduisit dans la science. Il était employé, au début, pour distinguer les manifestations nerveuses inconscientes, par opposition à celles auxquelles prend part l’hémisphère cérébral et qui sont perçues ou voulues. Mais précisément cette distinction a dû être effacée et le mot de réflexe désigne maintenant le type commun à toutes les catégories d’actes nerveux. <ref>, acte réflexe élémentaire.