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l’agent nerveux. Aussi, n’est-ce point sans regret et sans nécessité qu’on y avait renoncé. C’est un excitant qui conserve, sans changement, son intensité, lorsqu’il circule le long d’un conducteur bien isolé, et qui ne la dissipe que par diffusion, dans des masses ou des réseaux également conducteurs.

L’agent nerveux est dans une condition à peu près analogue : il circule, égal à lui-même. Les différences qui peuvent s’observer s’expliquent par des conditions locales. Il n’est pas vrai, comme on le dit, que l’intensité de l’agent nerveux s’accroisse toujours, à la façon d’une avalanche, à mesure qu’il progresse ; ou, ce qui revient au même, la faculté conductrice du nerf ne diminue pas en s’approchant du muscle. Les variations qui s’observent, en réalité, n’ont pas de caractère de fixité.

Le nerf présente encore d’autres analogies avec un appareil électrique. Il manifeste, par exemple, dans des circonstances convenables, un courant propre, qui éprouve des variations pendant le fonctionnement. L’étude de ces variations est un moyen de saisir son activité sur le fait. Aucun autre signe objectif ne distingue le nerf qui est en action, c’est-à-dire, qui conduit l’influx nerveux, de celui qui est au repos. Le dégagement de chaleur, que quelques auteurs ont invoqué, n’existe décidément pas, d’après Rolleston et Boeck. Les mutations chimiques sont inappréciables. Le phénomène électrique de la variation négative seul est là, pour avertir l’observateur. Mais il faut se hâter de dire avec A. Herzen, que, si le phénomène électrique est le signe et la conséquence de l’activité, il n’est pas cette activité elle-même et il n’en est même point la cause ; car, si l’on observe toujours la variation négative dans les nerfs en action, l’inverse n’est pas vrai ; et, une excitation inefficace provoque encore parfaitement la variation. Il s’en faut encore de beaucoup, comme on le voit maintenant, que le moment soit venu d’exhumer la théorie électrique. Les objections dirimantes subsistent ; et, on ne les fait pas disparaître en imaginant des arrangemens qui feraient de l’appareil nerveux un réseau de conducteurs électriques, animé par des accumulateurs neuro-cellulaires, disposés de place en place.

Un des derniers faits qui aient été invoqués en faveur de cette doctrine fort ruineuse, est celui de l’infatigabilité du nerf. On a considéré que la faculté qu’il possède d’être toujours prêt à l’action, l’assimilerait à un conducteur électrique inerte. Nous verrons dans un moment le peu de poids de cet argument.