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Chambre des députés espagnole qu’un vapeur d’une puissance neutre avait été visité par un croiseur anglais, aux îles Canaries, dans les eaux territoriales de l’Espagne. Quelques semaines plus tard, des céréales américaines furent saisies par des cuirassés anglais dans la baie de Delagoa. Un peu plus tard encore, le gouvernement portugais fut contraint d’avouer qu’un croiseur anglais avait tiré sur un vapeur norvégien dans les eaux de Lourenço-Marquès : il ajouta que cette « irrégularité » venait d’être signalée au gouvernement de Sa Majesté britannique et que celui-ci donnait à ses commandans l’ordre de respecter la souveraineté du Portugal. Un journal russe, la Rossija, en vint à demander (14 janvier) qu’un accord s’établît entre les puissances européennes pour envoyer dans la baie de Delagoa des navires chargés de protéger la liberté des échanges dans les eaux neutres[1].

Cependant les tempêtes qu’avaient soulevées, à plusieurs reprises, les procédés de la Grande-Bretagne inspirèrent au monde civilisé des réflexions salutaires : on se demanda s’il ne devenait pas indispensable de compléter la déclaration de Paris (1856) par un nouvel accord international. Le Tageblatt de Berlin, annonça, le 18 janvier, que le gouvernement russe venait de prendre l’initiative et de communiquer à quelques puissances le projet de réunir une conférence qui serait chargée de régler divers points de droit maritime et particulièrement de définir avec précision la contrebande de guerre. Dès le lendemain, on avait fait un grand pas : M. de Bulow déclarait dans son discours au Reichstag que « l’Allemagne souhaitait la réunion d’une conférence internationale réglant le droit de visite et définissant la contrebande de guerre. » D’après le Times de New-York du 21 janvier, « cette suggestion du comte de Bulow était généralement approuvée » aux États-Unis. Le Standard, de Londres, reçut le lendemain (22 janvier) de son correspondant de Berlin une information plus importante encore : l’Angleterre, les États-Unis et la Russie accueilleraient favorablement ce projet d’une conférence pour la conclusion d’une convention internationale maritime. L’Angleterre, qui l’eût cru ? après s’être appliquée depuis si longtemps à faire

  1. D’après la Birmingham-Post, le gouvernement anglais aurait envoyé deux agens à Delagoa-Bay pour faire la visite des envois douteux, de concert avec les agens portugais, et le Portugal aurait accepté cette collaboration sur son territoire ! C’est on ne peut plus grave. Voyez encore, sur les obstacles suscités par les agens anglais, à Lourenço Marquès, à la délivrance des passeports pour le Transvaal, les télégrammes du 15 février.