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qui arrête l’excitation avant qu’elle arrive au muscle ; en d’autres termes, établir un barrage. Malheureusement, le moyen de « bloquage temporaire » que Bernstein avait employé, l’électro-tonus, avait été mal calculé ; il avait altéré le nerf. Lorsque le barrage fut supprimé, l’altération était irréparable ; l’excitation réellement engendrée ne pouvait plus franchir le segment atteint. On crut qu’elle ne s’était pas produite, et on conclut en conséquence que le nerf était assez rapidement fatigable.

Un physiologiste russe, M. Wedenski, reprit cette expérience dix ans plus tard. Il prit mieux ses dispositions, fit un emploi plus judicieux du barrage électrotonique et put s’assurer ainsi qu’après avoir subi, pendant six heures, l’action des courans induits interrompus, le nerf avait conservé toutes ses propriétés. Il était infatigable, à peu près comme un fil de télégraphe continuellement prêt à la transmission électrique.

D’autres expérimentateurs, A. Waller, à Londres, Maschek à Prague, l’Américain Bowditch, répétèrent l’épreuve en la variant. Ils employèrent d’autres moyens pour bloquer temporairement le muscle à l’agent nerveux ; ils eurent recours aux vapeurs d’éther ou au curare. Un physiologiste français, M. Lambert, en 1893, soumit à l’investigation, non plus un nerf musculaire, mais un nerf glandulaire, la corde du tympan. Le résultat fut toujours le même. Le nerf est vraiment infatigable, ou, du moins, il se fatigue très difficilement. Il est, moins que tout autre organe, soumis à l’obligation du repos.


IX

L’influx nerveux engendré dans l’organe sensoriel par la transformation de l’agent physique en agent nerveux, c’est-à-dire en définitive, par la mutation d’un ébranlement moléculaire en un autre, arrive, après avoir parcouru le nerf, au centre médullaire et le met, à son tour, en activité. Cet organe est caractérisé par sa structure anatomique ; c’est une masse grise, où abondent les cellules ou, pour mieux dire, les corps des cellules nerveuses. Elle est paresseuse à l’action ; elle y met du temps ; après quoi, elle transmet, elle-même, la stimulation qu’elle a reçue, à l’organe qui la suit. C’est le filet nerveux qui va du centre au muscle ou à tout autre organe fonctionnel et que Marshall Hall a proposé d’appeler voie eisodique ou efférente.