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fausse, malheureusement fort répandue, que la structure implique et explique la fonction. En ce qui concerne le système nerveux, les études anatomiques ont été poussées à un tel degré de développement, qu’à elles seules elles forment presque une branche de science. Cela tient à ce que le problème habituel de la physiologie nerveuse et, on pourrait dire aussi, de la pathologie nerveuse est, en effet, un problème anatomique. Lorsqu’un organe entre en fonction, on se propose de savoir sous quel branle il le fait ; d’où part l’excitation nerveuse qui le provoque : quelle voie cette excitation suit pour arriver à la moelle ; quel centre, c’est-à-dire quelle portion du névraxe elle fait entrer en jeu ; quelle voie, enfin, le stimulus a suivie pour gagner sa destination. Résoudre ces questions, c’est ce que l’on appelle déterminer l’influence du système nerveux sur un organe. C’est un problème d’anatomie, en même temps qu’une étude de physiologie spéciale.

Suivre le trajet des nerfs dans les organes, c’est, en ce qui concerne la plupart de ceux-ci, une besogne à laquelle suffit la dissection et la recherche à l’œil nu, au moyen du scalpel, de la pince et des ciseaux. Mais cette méthode naïve ne suffit plus lorsqu’il faut pousser jusqu’aux dernières ramifications, et surtout lorsqu’il s’agit de dépister les fibres à travers la moelle épinière et l’encéphale, c’est-à-dire au milieu d’un fouillis prodigieux d’élémens semblables.

Pour débrouiller le chaos de la moelle et fixer jusqu’au trajet des plus petits faisceaux, il a fallu utiliser des concours très variés. On s’est adressé à l’anatomie comparée, à l’embryogénie, à la tératologie, à l’expérimentation physiologique, à l’anatomie pathologique : mais l’histologie constitue la méthode de choix. C’est Stilling qui, en 1842, imagina, le premier, de durcir la moelle sans en altérer la délicate texture, puis de la couper en tranches assez minces pour se prêter à l’examen microscopique. La méthode de Stilling a été considérablement perfectionnée par la suite. Les organes nerveux ont été débités systématiquement en coupes minces sériées : les coupes ont été colorées par des réactifs extrêmement variés, capables de se fixer électivement sur telle ou telle partie, de manière à la faire ressortir. C’est, grâce à ces procédés d’investigation infiniment délicats, que l’on a pénétré la structure intime de l’appareil nerveux.

La Physiologie a largement profité de ces progrès. Cependant