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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/799

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meilleures conditions. M. Feillet parle encore avec satisfaction du succès des « essais de caoutchouc » et étudie les moyens « de reprendre l’idée de l’exploitation en grand du caoutchouc. » Ce serait là, sans doute, une heureuse innovation, si nous n’avions déjà d’immenses espaces dans nos colonies du Gabon-Congo et de Madagascar où la plante à caoutchouc pousse naturellement, en abondance, et qui produisent le caoutchouc dans des conditions telles qu’elles défient la concurrence. Développer outre mesure, en Calédonie, la culture du caoutchouc serait une erreur, qui conduirait à des déboires certains.

Toutes ces cultures peuvent aider le colon à subsister, lui apporter un surcroît de bénéfices ; mais, pour prospérer, il lui faut trouver un emploi plus rémunérateur de son capital et de son travail, chercher une récolte qui soit toujours assurée, au dehors, d’une vente avantageuse. Le café remplit à peu près ces conditions ; sur lui repose tout l’avenir de la colonisation agricole en Calédonie ; grâce à la demi-taxe dont il profite à l’importation, il trouve en France un marché où il est protégé dans la proportion de 25 à 50 pour 100 de sa valeur ; il y vient concourir avec le café de nos autres colonies, des Antilles surtout et de la Réunion ; mais toutes nos possessions ensemble sont loin de suffire à notre consommation sans cesse grandissante ; elles ne nous fournissent que 1 à 2 pour 100 du café que nous absorbons et leur production n’a pas sensiblement augmenté depuis la diminution de taxe. Les prix, jusqu’à présent, sont à peu près rémunérateurs, ils le seraient encore davantage si la détaxe complète était accordée aux produits calédoniens. — Malheureusement le caféier est un arbuste délicat, il a besoin, pour rapporter des fruits, de conditions particulières de climat et d’exposition ; plus d’une fois des plantations ont été établies avec trop de hâte sur des terrains mal choisis ; l’arbuste se couvrait de feuilles et de fleurs, mais, quand arrivait la quatrième année, où le colon espérait enfin recueillir la récompense de ses peines, les fruits n’apparaissaient pas ; les fleurs, directement exposées aux vents salins de l’Océan, n’avaient pas fructifié ; et, au lieu du bénéfice escompté, c’est la ruine qui venait.

Les mêmes causes qui s’opposent au succès de certaines cultures entravent aussi l’élevage du bétail. Vers 1875, l’élevage des bœufs, pratiqué sur de vastes espaces, à la mode australienne, avait semblé réussir ; mais, tout d’un coup, l’offre arriva à dépasser