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point de vue diplomatique, puisqu’elle est une source de discussions avec d’autres Etats, notamment la Grande Bretagne.

Le sucre s’extrayait jadis uniquement d’une plante tropicale appelée canne ; la plus grande quantité en est aujourd’hui produite par la betterave, plante fourragère connue de chacun de nous, dont la culture a pris en Europe, au cours du XIXe siècle, une extension dont quelques chiffres vont donner une idée. La statistique nous apprend que 4 700 000 tonnes de sucre ont été fournies, en l’année 1897-98, par l’Europe qui, à l’exception de l’Espagne, ne le retire que de la betterave. Le reste du monde a donné 2 527 000 tonnes, provenant toutes de la canne, à l’exception d’une petite quantité aux États-Unis d’Amérique. Ce total de 7 227 000 tonnes représente une augmentation de 45 pour 100 en dix ans, puisque le chiffre de 1887-88 était de 4 948 000 tonnes. La consommation par tête varie de 2kil, 77 en Italie, à 39 kilogrammes en Angleterre. Certaines régions de la Chine et de l’Inde emploient un sucre impur extrait du sorgho et de l’érable, impropre à la consommation européenne.

La France produit par an 14 à 15 millions de tonnes de betteraves de toute sorte, valant de 200 à 250 millions de francs, récoltées sur environ 400 000 hectares, ce qui représente un rendement brut, à l’hectare, de 36 tonnes d’une valeur moyenne de 16 francs. La moitié environ de ces betteraves est employée à la fabrication du sucre ; le reste sert à nourrir le bétail ou à distiller l’alcool. Pour la campagne 1896-1897 (l’année sucrière va du 1er septembre au 31 août, de façon que le début en coïncide avec les premiers arrachages de la plante), il a été apporté, en France, aux 358 fabriques de sucre en exercice, 6 765 000 233 kilogrammes de betteraves, desquelles il a été extrait 668 545 000 kilogrammes de sucre, soit le dixième du poids des betteraves travaillées. Ces betteraves sucrière s’représentaient la récolte de 246 204 hectares, soit un rendement moyen de 27 477 kilogrammes à l’hectare : elles fournissent, on le voit, un poids moindre à l’hectare que la moyenne générale des betteraves ; mais elles se vendent à un prix supérieur de plus de cinquante pour cent à celui que nous avons indiqué tout à l’heure, 26 francs au lieu de 16. Il a été brûlé dans les fabriques 992 956 tonnes de charbon, c’est-à-dire 146 kilogrammes de charbon pour traiter mille kilogrammes de betteraves.-

La plante, semée en mars, avril ou mai, se récolte en septembre, octobre ou novembre de la même année. Dès qu’elle