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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/917

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jusqu’à sa maturité dans deux chefs-d’œuvre, Intérieur d’une chaumière (1642) et Maître d’école (1662), jusqu’à son affaiblissement dans le Buveur (1668). Un autre chef-d’œuvre, à sa gloire, serait ce délicieux tableau d’intérieur où se rangent, autour d’un père de famille et de sa femme, un jeune couple, un grand fils et cinq fillettes, si cet ensemble de portraits, si fins et si vivans, pouvait lui être attribué avec certitude. Il semble difficile de reconnaître dans cette belle exécution, plus plastique et plus rigoureuse, moins souple et moins dorée, la facture authentique du maître, non plus que son image dans celle du chef de famille, car Adriaan n’eut qu’une fille.

Isaak Van Ostade (1621-1640), le frère d’Adriaan, n’est pas un artiste de médiocre valeur. Bien qu’il soit mort à vingt-huit ans, il a laissé une œuvre considérable et très personnelle. Non seulement dans ses petites études d’intérieurs villageois, de scènes rustiques, d’animaux, il rivalise souvent, pour la précision et l’entrain, avec son frère et avec Paul Potter, mais, dans ses compositions plus étendues, où le paysage tient d’ordinaire une grande place, scènes d’hôtelleries, de voyages, de patinages, c’est un observateur très varié et très vivant, avec un goût spécial et réjouissant pour l’abondance et l’ingéniosité des détails pittoresques. Sa peinture, le plus souvent, surtout dans les petites pièces, conserve un aspect jaunâtre qui la fait aisément reconnaître. Dans ses grandes toiles, il est moins monochrome ; l’effet, en revanche, s’y disperse et s’y éparpille volontiers. Les Scènes d’intérieur, le Toit à porcs, le Paysage d’hiver, dans la Galerie Lacaze, le montrent avec ses savoureuses qualités de peintre. Dans les tableaux plus importans de l’ancienne collection, deux Haltes de voyageurs à la porte d’une hôtellerie, deux Canaux gelés en Hollande, on admire les dons supérieurs de l’observateur.

Dans la ville de Leyde, où Bailly (1584-1657), dont nous avons une fine étude, garde l’ancienne tradition, et d’où le condisciple de Rembrandt, Jan Lievens (1607-1674), s’échappe de bonne heure pour se métamorphoser en Flamand à Anvers (la Vierge visitant sainte Elisabeth), Gérard Dow (1613-1695), le premier élève de Rembrandt (de 1628 à 1631, le professeur ayant vingt et un ans, l’élève quinze), s’en tiendra toute sa vie, sauf de rares exceptions, à la première manière, nette et fine, de son maître qu’il ne suivra pas dans la liberté puissante de ses évolutions postérieures. L’extrême conscience et la singulière habileté avec laquelle Gérard