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plus zélés et c’est d’Amérique que lui viennent presque tous ses subsides. L’Irish People, comme l’Irish American, a été fondé avec l’argent américain. Aux premiers bruits d’un conflit avec l’Angleterre, en 1897, on vit toute la colonie irlandaise se dresser, s’offrir avec des vaisseaux, des canons, des trains d’artillerie et une armée de 100 000 volontaires brandissant le drapeau de la république d’Irlande. Les événemens ne permirent point d’éprouver la sincérité de ces offres. Il ne paraît pas d’ailleurs que l’opinion américaine en ait fait grand état. Mais, sur le terrain électoral, il ne lui en a pas moins fallu compter avec une communauté numériquement si forte. La colonie irlandaise semble avoir pris, d’ailleurs, en ces derniers temps, une conscience plus exacte de son rôle ; d’Irlande, le mouvement en faveur de la rénovation du gaélique a gagné les États-Unis et l’Australie. Des sections américaines de la Ligue gaélique et de la Society for conservation of the Irish language viennent d’être fondées dans les principales villes de ces deux pays. Elles ont obtenu déjà, des bureaux d’éducation de San-Francisco, de New-York, de Chicago, de Boston, etc., l’entrée de l’irlandais dans le programme des écoles primaires. Une satisfaction plus éclatante leur a été accordée récemment par la création de deux chaires de vieux gaélique, l’une à l’université d’Harvard, l’autre à l’université Johns Hopkins, à Baltimore. Enfin des journaux purement irlandais étaient fondés à Boston, à New-York, en Australie, dans les Indes, etc. Faible au début, leur clientèle grossissait d’année en année : les dernières statistiques l’évaluent à 335 000 abonnés ou lecteurs pour les États-Unis ; à 250 000 pour l’Australie, à 20 000 pour les Indes. Et là aussi on sent un progrès.

VI

Cette fois nous avons achevé le tour des grandes communautés celtiques de l’Europe et de l’étranger et nous pouvons peut-être répondre à la question que nous posions au début de cet article. Y a-t-il quelque unité dans les aspirations des Celtes du continent et des îles ? Peut-on ramener à une formule générale ces formules si diverses et qui vont du séparatisme irlandais au régionalisme atténué des Bretons, en passant par l’autonomisme administratif des Gallois et des Écossais ? Je pense que oui. Séparatisme, autonomisme, régionalisme ne sont que des mots. Ce qui s’agite