Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 159.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
NOUVELLE PIÈCE DE M. GIACOSA [1]

La nouvelle pièce de M. G. Giacosa a soulevé, dès sa première représentation au théâtre Manzoni, à Milan, un enthousiasme exceptionnel, même chez un public aussi démonstratif que le public italien : l’auteur n’a pas été rappelé moins de vingt-deux fois à la rampe ; et la presse du lendemain s’est trouvée unanime à le couvrir d’éloges. Un article de la Stampa, de Turin, s’applique même à définir l’art de M. Giacosa par ses origines, et à chercher en lui les traits du caractère piémontais : « un caractère d’élégance simple et de beauté sans ostentation, d’austérité sans pédanterie et de sourire qui n’insiste pas ; une correction unie à la grâce, une forme voilée de délicatesse, un certain charme et une certaine réserve qui se combattent... »

De fait, on trouve tout cela dans les meilleures parmi les œuvres précédentes de M. Giacosa. Il a dû son premier succès à un petit acte en vers, Une partie d’échecs (1873), dont la fortune fait penser à celle du Passant ; et, pendant un temps, il parut voué au drame historique : le Comte Rouge est à certains égards une pièce nationale ; la Dame de Challant, — l’histoire de cette étrange Blanche-Marie dont le vieux conteur Bandello raconte les violentes amours, les crimes, la mort, par la main du bourreau, et dont les traits revivent dans les fresques admirables de Luini au Monasterio maggiore, — la Dame de Challant est un très beau drame romanesque. Madame Sarah Bernhardt, qui l’a joué en Amérique, nous le fait espérer depuis longtemps. — Mais M. Giacosa ne devait point s’en tenir à un moule qui ne pouvait suffire à son goût de l’observation humaine et vraie : avec Tristes amours,

  1. Come le foglie, commedia in quattro atti, di Giuseppe Giacosa. Milan, Trêves frères, édit.