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acquis, grâce à l’emploi du four électrique ; il faut se contenter d’en énumérer les catégories et d’en résumer les plus importans.

Ce sont d’abord des renseignemens sur la fusion et la solidification, c’est-à-dire sur les changemens d’état physique d’un grand nombre de corps simples ou composés. Il y a beaucoup de substances que l’on ne connaissait qu’à l’état solide, stable, résistant à l’action du feu, réfractaires en un mot. On les connaît maintenant à l’état liquide et à l’état gazeux ; on les a fondues et on les a volatilisées. On a liquéfié la chaux vive ; on l’a vue s’échapper à l’état de vapeurs blanchâtres, comme une épaisse fumée, par les ouvertures du four, — et, par refroidissement, on l’a obtenue à deux états, en cristaux d’une part, et d’autre part, à l’état de coulée. En étudiant ses propriétés sous ces deux états, on a constaté des particularités intéressantes pour l’histoire de ce corps. La même chose a été faite pour d’autres oxydes, réputés absolument fixes, tels que la silice et la zircone. On a réussi à faire bouillir le cristal de roche ; on l’a distillé et recueilli sous la forme d’une vapeur bleuâtre.

D’une manière générale, les oxydes métalliques ont pu être obtenus à l’état cristallisé après avoir subi la vaporisation. Le résultat a été plus facile pour la baryte, la strontiane, que pour la chaux ; il a été plus difficile pour la magnésie. Chez cette dernière, on a retrouvé le singulier phénomène de polymérisation signalé en 1871 par M. Ditte. La densité de la magnésie va en augmentant quand on la chauffe, et cela jusqu’à ce qu’elle ait atteint son point de fusion. Elle se concentre donc ; ses molécules se combinent entre elles ; elle se polymérise.

Les mêmes changemens d’état ont été observés avec beaucoup de corps simples, métalloïdes et métaux prétendus fixes, — ou tout au moins difficiles à fondre et volatiliser ! On a fondu aisément le molybdène, le tungstène, le vanadium, et le zirconium. On a réduit à l’état de vapeur de grandes quantités d’aluminium, d’or, de platine, de fer, d’uranium, de silicium, de bore et de charbon. Ces deux derniers corps donnent lieu à une remarque intéressante ; ils passent de l’état solide à l’état de gaz sans prendre l’état liquide intermédiaire ; ils se subliment, suivant l’expression consacrée, comme il arrive pour l’iode et l’acide arsénieux.

Un second ordre de faits est relatif à la généralité de certaines réactions chimiques qui semblaient dépourvues de ce caractère : mais cette restriction tenait à ce que l’on n’avait pu pousser l’examen assez