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lui étaient soudainement tombés entre les mains. Il avait passé à côté de la solution réelle du problème et préféra la chercher dans les tribus libyennes, cette race nouvelle qu’il semble avoir ainsi créée de toutes pièces. Mais, malgré cette hypothèse qui fut acceptée par un très grand nombre d’auteurs, si les autres firent de prudentes réserves, les fouilles de M. Pétrie eurent, comme elles le méritaient, un très grand retentissement.

Sur ces entrefaites, l’hiver suivant, après avoir demandé moi-même au ministère de l’Instruction publique d’aller à Abydos pour étudier les monumens de cette ville, j’appris tout à coup qu’une petite société venait de se former à Paris dans l’intention de faire exécuter des fouilles en Égypte, qu’on me proposait la direction de ces fouilles et que l’on m’assignait Abydos pour théâtre des futures opérations. J’acceptai avec empressement et, grâce à la libéralité de MM. Bardac, de Biron et de la Bassetière, auxquels s’adjoignit l’année suivante, par pure amitié pour moi, un grand industriel de Paris, M. Baille-Lemaire, je me rendis à Abydos, prêt à entreprendre les travaux dont on m’avait chargé, mais quelque peu anxieux sur leur succès, car je ne pouvais m’empêcher de penser aux dix-neuf années consacrées par Mariette à l’exploration de la nécropole de la ville sainte d’Osiris. Après beaucoup de déboires, après avoir reçu le conseil d’abandonner les fouilles que je faisais pour me diriger d’un autre côté, où, m’assurait-on, le succès ne se ferait pas attendre, après avoir obstinément refusé de m’éloigner du théâtre que j’avais choisi, je vis enfin luire l’aurore du succès définitif. Les résultats de mon travail furent considérables, si considérables même que le seul énoncé que j’en fis suscita des tempêtes : personne, je dois le dire, ne voulut me suivre dans l’hypothèse que j’énonçai et les plus hardis se contentèrent de croire que j’avais découvert la nécropole des trois premières dynasties. Cependant, et tandis que je me débattais ainsi contre une opposition considérable, M. de Morgan, auquel j’avais remis quantité d’objets en silex provenant de mes fouilles et qui en avait réuni lui-même un grand nombre d’autres dans diverses explorations faites cette même année, publiait ses Recherches sur les origines de l’Égypte : L’âge de pierre et les métaux, dont le succès retournait presque complètement l’opinion. L’année suivante, pendant l’hiver 1896-1897, il fit d’autres recherches, rencontra le tombeau royal de Neggadeh et publia sans retard un second volume où il examinait à nouveau la