le concours de la France. » Sans ce concours au moins passif, une guerre allemande eût été une folie. Il y renonça, se jeta dans une passe d’armes avec Vienne, Munich, Stuttgard, Francfort, Cassel, Hanovre. Sa bataille, à coups de circulaires, lui donna finalement une victoire, mais non celle qu’il eût voulue. La proposition du Hanovre et de la Hesse électorale fut repoussée par 9 voix contre 7 (22 juin 1863).
La froideur de la France l’avait réduit à se consumer dans une lutte en apparence sans issue avec les partis, la cour, le parlement, et à attendre les événemens. Ils ne le firent pas attendre longtemps. L’insurrection polonaise vint presque aussitôt lui offrir l’occasion de prendre son essor et de convaincre Rechberg qu’il n’était pas un casse-cou, mû par des passions irréfléchies, dénué de sens pratique, ne sachant ni calculer, ni prévoir.
La scène va changer. L’Italie, qui jusqu’ici y a été au premier rang avec Cavour, se place au second avec les hommes distingués, de valeur moyenne, qui lui ont succédé ; il lui reste son roi, mais, même avec lui, elle n’a plus sur les événemens qu’une action secrète et obscure. La primauté d’action passe à la Prusse. Au roi sentimental a succédé un roi militaire ; aux Manteuffel et aux Schleinitz, Bismarck, et à côté de Bismarck, des soldats tels que Roon et Moltke.
Les parties décisives où se joueront les destinées de l’Empire et de la France vont se nouer entre ces quatre géans et notre Empereur déjà fatigué, assisté de ministres sans initiative et sans autorité, empêtré dans ses deux interventions de Rome et du Mexique, captif de ses sympathies italiennes, tout occupé de la Vie de César, ayant renoncé à la réforme de son armée, et désirant avec passion ne plus courir les hasards d’une campagne en Europe.
ÉMILE OLLIVIER.