décision qui mettait entre vos mains le gouvernement même de la colonie tout entière et vous prouverait à quel degré vous possédez sa haute confiance. Cette confiance, le pays la partage, et vous saurez, je n’en doute pas, y répondre en prenant rapidement toutes les mesures de nature à frapper la rébellion au cœur et à en débarrasser l’Emyrne ainsi que les grandes voies de communication qui relient le plateau central aux côtes... Je vous prie de vouloir bien m’adresser par chaque courrier un rapport général tant sur la situation politique que sur la situation administrative du pays pendant la quinzaine écoulée. En vous accusant réception de ces rapports, j’aurai soin de vous donner mon sentiment sur les questions que vous aurez cru devoir soumettre à mon appréciation. J’ai toutefois le désir que vous agissiez sous votre responsabilité dans la limite des pouvoirs si larges qui vous sont confiés aujourd’hui, sans m’en référer pour les détails. Cette décentralisation est indispensable pour éviter des lenteurs qui ne pourraient qu’entraver l’œuvre de pacification à laquelle vous allez vous consacrer. »
Appliquant aussitôt les instructions qu’il avait emportées de Paris, le général Gallieni organisa tout d’abord les cercles militaires des provinces du centre mises en état de siège, en même temps qu’il plaçait sous l’autorité du nouveau secrétaire général, M. l’administrateur François, en résidence à Tamatave, les provinces civiles de la périphérie[1]. Ses recommandations aux uns et à l’autre (25 septembre et 8 octobre) sont un modèle de profondeur et de largeur de vues. Elles se résument dans cette idée qu’à tous les rangs de la hiérarchie, il ne faut pas se borner à imposer l’autorité de la France, mais la faire pénétrer dans les cœurs et dans les mœurs par une collaboration intime avec l’indigène et une connaissance exacte de ses besoins. La multiplication des postes que l’on va relier les uns aux autres, pour opposer un réseau serré de défense à l’insurrection, n’a pas seulement pour objet de refouler celle-ci : ils doivent surtout se proposer de rassurer les populations, de les ramener à leurs travaux habituels, et ne jamais s’appliquer à conquérir du terrain sur la rébellion, sans avoir au préalable organisé complètement le pays derrière eux. Pour les mêler plus étroitement à la vie des autochtones, on a donné à chacun de ces postes une sorte d’autonomie
- ↑ Par la mer, les relations postales étaient plus faciles entre Tamatave et les diverses escales de la côte, que de Tananarive par la voie de terre.