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Rapprochez maintenant ce que M. de Bismarck dit de l’Etat prussien et ce qu’il dit de lui-même. « Si nous ôtons aux États ce fondement religieux, ils ne sont plus qu’un agrégat fortuit de droits… » Il n’y a plus de droit. La propriété peut n’être plus légitime, mais le vol peut l’être, si la force est du côté des voleurs. Et elle y serait : la force serait contre l’Etat, car, sans « ce fondement religieux, » sans « ce droit chrétien, » l’État serait sans force. Ni force, ni droit, plus d’État. Quant à Bismarck personnellement : « Si je n’étais pas chrétien, je ne resterais pas une heure à mon poste ; .. si je ne l’étais pas, vous n’auriez jamais eu en moi le Chancelier… » Mais ce n’est pas tout, et, au lieu d’être le Chancelier, il eût peut-être été ce révolutionnaire qu’il portait en puissance et auquel, un moment, il s’est cru sur le point de lâcher la bride ; révolutionnaire, au lieu de l’être seulement dans la diplomatie et à l’extérieur, contre l’équilibre européen, il l’eût peut-être été à l’intérieur, en sa nation et contre l’ordre établi ; au lieu de faire un empereur, il eût peut-être défait un roi : qui sait alors où serait allé, et jusqu’où, l’ami de Lassalle et de Lothar Bücher ? « Si je ne comptais pas sur mon Dieu, les maîtres de ce monde ne me seraient de rien. » Et rien ne lui serait de rien, ni l’Etat, ni le Roi, ni la Prusse, ni l’Allemagne : « Si vous m’ôtez cette foi, vous m’ôtez la patrie ! »

    Willen auf Erden fükren wollen. Als Galles Wille kann ich aber iiur erkennen, was in den christlichen Evangelien offenburt worden ist, und ich glaube in meinem Rechte zu seln, wenn ich einen solchen Staat einen christlichen nenne, welcher sich die Aufgabe gestellt hat, die Lehre des Christentums zu realisiren, zu verwirklichen… Entziehen wir diese religiöse Grundlage dem Staate, so behatten wir als Staat nichts als ein zufülliges Aggregat von Rechten, eine Art Bollwerk gegen den Krieg aller gegen alle… Seine Gesetzgebung wird sich dann nicht mehr aus dem Urquell der ewigen Wahrheit regenerieren, sondern aus den vagen und wandelbaren Begriffen von Humanität, wie sie sich gerade in den Köpfen derjenigen, welche an der Spitze stehen, gestalten. Wie mun in solchen Staaten den Ideen, z. B. der Kommunisten über die Immoralität des Eigenlums, über den hohen sittlichen Wert des Diebsluhls, als eines Versuchs, die angeborenen Rechte der Menschen hetzuslellen, das Recht, sich geltend zu machen, bestreilen will, wenn sie die Kraft dazu in sich fühlen, ist mir nicht klar ; denn auch diese Ideen werden von ihren Trägern für human gehallen und zwar als die rechte Blüte der Humanität angesehen. — Discours du 15 juin 1847, Ueber Preussen als christlicher Staat. — Voyez Fürst Bismarcks gesammelte Reden, t. I, p. 9 ; Berlin, 1894 ; Cronbach.
    Nous citons ici le texte même, d’abord à cause de son importance en ce qui louche le fond des idées politiques de M. de Bismarck, et puis parce que la traduction française du livre de Maurice Busch (Le comte de Bismarck et sa suite ; Paris. 1879 ; Dentu) est sur ce point assez imparfaite. Une phrase est complètement défigurée, probablement par une simple faute d’impression. La traduction dit : « la haute valeur morale du sol, » ce qui est une chose ; mais le texte dit : « la haute voleur morale du vol, » — des Diebstahls — ce qui est une tout autre chose.