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Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 160.djvu/29

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Pour donner un témoignage de sagesse plus complet, on ajouta à la déclaration d’indépendance une réserve assez embarrassée et d’un tour énigmatique qui pouvait donner lieu à plus d’un commentaire : sauf les relations du Luxembourg avec la Confédération germanique.

Quant à l’adoption du principe monarchique, c’était une garantie donnée aux amis de l’ordre et de la paix pour qui le nom seul de la république était encore un épouvantail. Cet acte de raison devait paraître d’autant plus méritoire que, pour le faire accepter, il avait fallu passer outre à des oppositions respectables, telles que celle du célèbre libéral Potter, victime naguère si populaire de la persécution hollandaise, et qui, plutôt que de sacrifier ses préférences républicaines, aima mieux donner sa démission du gouvernement provisoire et même du congrès. Il fallut accepter celle aussi d’un savant ecclésiastique, l’abbé de Hœrne, qui poussait jusqu’à cette conséquence extrême l’évolution devenue commune à tous les anciens catholiques vers les idées libérales.

Mais la troisième résolution était dictée par une inspiration et devait produire une impression différente. Elle était ainsi conçue : « Le congrès national déclare, au nom du peuple belge, que les membres de la famille d’Orange-Nassau sont à perpétuité exclus de tout pouvoir en Belgique. » Ainsi le fils était compris dans la proscription du père. C’était contrarier les vœux de Londres en ayant l’air de les ignorer, et résister en face aux menaces de Saint-Pétersbourg. L’intention était d’autant plus marquée que les plus grands efforts avaient été tentés pour laisser la question en suspens. Les partisans de la maison d’Orange, encore nombreux dans la ville, avaient fait entendre des menaces de résistance contre une décision qui paraissait dépasser les pouvoirs du congrès ; à la dernière heure même, le gouvernement français, craignant l’impression que recevrait l’Angleterre, avait dépêché un envoyé pour s’opposer à toute résolution précipitée ; on ne consentit pas à le recevoir.

Restait donc à savoir comment cette sorte de défi serait accepté ou relevé. La princesse d’Orange, sœur de Nicolas, voyait-elle juste et était-elle dans le secret de son frère quand, apprenant la résolution du congrès à la Haye, où elle résidait encore, elle s’écria : « Cette fois, c’est fait ; toute réconciliation est impossible, les armes seules videront le différend. Les Belges