sacrilège, je n’ai point le pouvoir de la pardonner ! Que si votre loi ne la punit pas, force me sera d’en informer toute la chrétienté. — Alors, se produisit un profond silence : longtemps on n’entendit, dans la salle, que le souffle oppressé des poitrines, un murmure de colère retenue, et les sanglots de Danusia. »
C’est par de tels récits que M. Sienkiewicz raffermit l’orgueil national de ses compatriotes ; et sans cesse il y entremêle des scènes d’amour simples et douces, de délicates peintures des travaux rustiques. Mais je regrette surtout de ne pouvoir pas citer l’épilogue de son roman, où il reconstitue pour ainsi dire minute par minute, jusque dans les moindres détails, les diverses péripéties du combat de Grünewald. Cet épilogue est, à lui seul, tout un grand poème, le plus beau certainement qu’ait jamais écrit l’auteur polonais. Les régimens passent et repassent, devant nous, avec leurs étendards et leurs hymnes de guerre. Nous voyons fondre, s’anéantir peu à peu la puissante armée de l’Ordre Teutonique, expiant ainsi, en un seul jour, de longues années de mensonge et de cruauté. Et lorsque, au dernier chapitre, le roi Ladislas, entouré des princes ses alliés, lève la main pour bénir « non seulement ceux qui gisent à ses pieds, mais la plaine tout entière entre Grünewald et Tannenberg, » nous avons un instant l’illusion qu’une victoire aussi solennelle ne peut manquer de garantir à jamais, contre les ruses et les violences des Chevaliers de la Croix, l’héroïque nation qui l’a remportée.
T. DE WYZEWA.