l’Australie, etc., — et je pense qu’il est bien permis d’excepter aussi le Japon, — on peut dire qu’il s’arrête net vers le 25e ou le 30e degré de longitude Est. Si l’on tirait une ligne correspondante à l’un ou l’autre de ces degrés, tout ou à peu près tout ce qui serait à l’Ouest est pays de parlementarisme, de gouvernement parlementaire ; plus ou moins, et le plus ou le moins serait assez exactement indiqué par la latitude. Au de la du 25e ou du 30e degré, il ne reste que la Russie et la Turquie. Encore que la Turquie ait été un jour dotée d’une constitution et qu’une Chambre ait été élue, l’expérience y fut courte et négativement décisive ; quant à la Russie, il ne semble pas qu’elle se dispose à entrer dans le système constitutionnel ; ni la Russie ni la Turquie ne sont des puissances parlementaires, des terres de parlementarisme, mais, en fait, ce sont plutôt, ou ce sont autant des puissances asiatiques que des puissances européennes ; et, dans tous les cas, ce sont des puissances orientales. Ici, il n’est peut-être pas obligatoire de se rappeler le dicton autrichien qui veut que l’Orient commence tout près de Vienne, à Wiener-Neustadt ; et, sans omettre ni le Parlement roumain, ni la Chambre grecque, ni la Skoupchtina serbe, ni le Sobranié bulgare, nous voilà déjà, sur ce point comme sur l’autre, géographiquement comme historiquement, et dans l’espace comme dans le temps, en droit d’affirmer : le parlementarisme, loin d’être un fait éternel et universel, est, au contraire, un phénomène récent, européen et occidental.
Maintenant, que ce phénomène se soit produit dans un temps et dans un espace circonscrits, cela ne prouve pas du tout que le gouvernement parlementaire, n’étant ni éternel ni universel, ne puisse convenir à l’Occident européen du XIXe ou du XXe siècle ; cela prouverait tout aussi bien, et mieux encore peut-être, que, justement parce qu’il n’est ni éternel ni universel, justement parce qu’il n’est apparu et ne s’est établi qu’à des dates récentes dans la seule Europe occidentale, il y a des chances pour qu’il soit la forme de gouvernement qui convenait et qui convient à cette portion d’espace en cette portion de temps. D’autre part, pourtant, comment ne pas entendre le concert de récriminations qui de tous côtés s’élève contre lui ? comment, surtout, ne pas voir de tous côtés ce malaise, ce trouble, ce désordre qui l’accusent plus hautement et plus sûrement que ces récriminations mêmes ? Et, quiconque ne refuse pas de voir et d’entendre, comment