soins du commissaire de Vien-Tian. Les échelles de bambou des travailleurs nous aident à en faire l’ascension par 50 degrés de chaleur. La vue est très belle du sommet.
Toutes les ruines des pagodes de Vien-Tian, qui portent les noms des pagodes de Bang-Kok, témoignent, par leurs beaux plafonds à pendentifs, leurs bas-reliefs et leurs petites niches à double Bouddha, de la splendeur du passé. Les rois seuls avaient le droit d’élever des pagodes et des pinacles à sept galeries.
J’ai été presque témoin d’une trouvaille qui remontait à deux jours. Suivant une tradition conservée dans une bonzerie de pagode, un petit Tât devait se trouver enfoui sous un édicule du Wat-Prakéo. Des fouilles ont été faites, et le Tât vénéré a été découvert. Quelques caractères se voient dans les sculptures et permettront de reconnaître l’époque à laquelle il appartient.
A quelques pas de là, on m’a montré une sorte de colonne de briques, recouverte de ciment et de sculptures, qui n’est autre, m’a-t-on dit, que l’image du bâton avec lequel le chef de pagode frappait les travailleurs pendant la construction du grand temple. Ailleurs un grand Bouddha en bronze, d’une belle patine verte, est remarquable par son nez sémitique au milieu de ce peuple au nez aplati ou peu saillant. Deux autres Bouddhas sont debout à ses côtés, l’un les mains levées, l’autre les mains tombantes, tous deux dans les poses rituelles. Plus loin, c’est le grand pont de 500 mètres, récemment achevé, qui relie Vien-Tian à Nong-Khaye, d’où nous séparent encore une douzaine de kilomètres par la route de terre.
Toutes ces contrées ont été constamment ravagées par les Hos, pirates chinois descendus du Yunnam, et par les Siamois qui ont détruit définitivement, en 1829, le royaume de Vien-Tian, dernier rempart qui protégeait les populations du Laos contre leurs envahisseurs. A Vien-Tian, non plus qu’à Savan-Nakek, il ne faut pas être malade, car on s’y trouve à vingt-cinq ou trente jours de l’hôpital de Luang-Prabang, et à quinze jours au minimum de celui de Khong. Savan-Nakek, où je me rends, n’en sera qu’à neuf jours.
Le Cortambert, des Messageries fluviales, quitte Vien-Tian le lendemain, et je vais voyager avec le commandant Simon. On fait escale de nuit à Nong-Khaye, qu’un récent incendie, trois semaines auparavant, a presque entièrement détruit. La modeste mission catholique, la première que je rencontre en descendant