cesser, à cause de son caractère exceptionnel : on ne comprend pas comment M. Conger aurait pu communiquer avec son gouvernement, et pourquoi M. Pichon n’a pas encore pu communiquer avec le sien. Plus récemment, nous avons eu une lettre de sir Claude Macdonald : si elle est authentique, elle est loin d’être rassurante. Sir Claude attend, il demande un secours immédiat, faute duquel il présente le sort des légations comme désespéré. Il se plaint de ne recevoir aucune assistance des autorités chinoises, et son témoignage nous arrive avec les affirmations contraires de l’empereur Kuang-Su, qui prétend entourer les légations de toute sa sollicitude. Nous ne sommes pas embarrassés de savoir qui il faut croire. Tout reste mystère et paradoxe dans cette situation. Il y aurait quelque témérité à vouloir donner la solution d’un problème dont tant d’élémens essentiels restent inconnus : toutefois, le plus probable est que les ministres étrangers sont vivans, mais qu’ils ne sont pas libres. Ils sont assiégés, soit dans leurs légations respectives, soit dans la légation d’Angleterre où on a dit qu’ils s’étaient réfugiés. Le gouvernement chinois espère-t-il les dégager ? Peut-être a-t-il pris pour cela des mesures plus énergiques qu’il ne l’avait fait jusqu’ici ; mais il n’y est pas encore parvenu. S’il en était autrement, on ne comprendrait pas pour quel motif il ne s’empresserait pas plus d’envoyer à l’Europe impatiente la seule démonstration qu’elle soit disposée à regarder comme décisive, c’est-à-dire une dépêche émanant directement de ses ministres. Cela suffirait, mais cela est indispensable pour dissiper toutes les ombres dont des événemens de ces derniers mois restent enveloppés à nos yeux. Il y a une autre hypothèse, à savoir que les ministres ne seraient pas prisonniers de l’émeute, mais du gouvernement lui-même, qui les garderait comme otages : nous y reviendrons.
Tout donne à croire que le gouvernement chinois, après avoir été débordé par le mouvement qu’il avait déchaîné, a été à la fois menacé et épouvanté des suites de son imprudence. Ce n’est pas la première fois que ces choses-là se voient dans l’histoire. L’impératrice et l’empereur ont tremblé pour eux-mêmes. Il est très possible que leur propre sécurité ait été en danger : qui sait si elle ne l’est pas encore, et s’ils sont aussi maîtres de la situation qu’ils essaient de le faire croire à l’Europe ? Ils n’ont pas tardé aussi à s’apercevoir qu’un épouvantable orage se formait au dehors et s’apprêtait à éclater sur leurs tètes. Péril intérieur, péril extérieur, il y avait là de quoi leur inspirer une terreur salutaire. Nous avons déjà signalé comme un symptôme de ces dispositions nouvelles le rappel de Li-Hung-Chang à Pékin, tout