public français ; c’est que les États-Unis ont avec la France une affinité de plus.
Tandis, en effet, que l’Angleterre, à travers ses révolutions, est restée monarchique, la France, à l’exemple des États-Unis, est devenue république. Elle a, comme les États-Unis, son président élu pour un temps limité, elle a deux Chambres, une Chambre des représentans et un Sénat ; mais là s’arrêtent les ressemblances, et les différences sont profondes. Elles ne tiennent pas seulement à la diversité des races, elles tiennent au mode déformation des deux nationalités. En France, c’est la royauté qui a fait l’unité de la nation : royauté procédant de la loi des francs sous Clovis, et de l’empire romain comme de la royauté franque sous Charlemagne ; effacée pendant un temps par la féodalité, mais prévalant à la fin, grâce à la suprématie qu’elle tenait de son titre et ramenant, sans défaillance, toutes les parties de la Gaule à l’unité nationale, œuvre capitale, maintenue et fortifiée par la Révolution. En Amérique, ce sont des colonies, formées indépendamment les unes des autres, qui, s’affranchissant du joug de la métropole et associées dans la lutte, se sont, après la victoire, constituées en nation.
C’est de là que part le livre de M. W. Wilson.
L’objet de ces essais, dit-il, n’est pas de présenter d’une manière complète la critique du gouvernement des États-Unis ; il est simplement de mettre en relief les traits les plus caractéristiques de la pratique du système fédéral. Prenant le Congrès comme le pouvoir central et prédominant du système, l’objet de ces essais est d’illustrer tout ce qui touche au Congrès.
Il faut pourtant que le lecteur se rappelle ce que l’auteur suppose trop bien connu, je veux dire quelles sont les différentes pièces de la machine dont il se propose d’apprécier le jeu dans son livre :
Pouvoir législatif attribué à un Congrès qui se compose d’un Sénat et d’une Chambre des représentans : la Chambre des représentans nommée pour deux ans, en nombre déterminé pour chaque État ; le Sénat comptant deux sénateurs par chaque État et renouvelable par tiers tous les deux ans ;
Pouvoir exécutif confié à un Président, nommé pour quatre ans en même temps qu’un Vice-Président, son remplaçant de droit en cas de destitution, de démission ou de mort.
On aimerait à suivre, d’étape en étape, les évolutions qu’a subies en réalité la constitution américaine depuis qu’elle a été signée le 17 septembre 1787. M. Wilson, je l’ai dit, ne le fait pas : il s’attache surtout à la juger telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Disons qu’il n’en