Porte ne semblaient point être devenues meilleures que par le passé. Les entrevues des ambassadeurs avec les ministres ottomans furent donc, pendant tout un mois, fort agitées et incertaines. Le Traité de Berlin étant livré à la discussion, on se trouvait en présence de propositions arbitraires et mal concertées. On étudiait un peu confusément les lignes de Larisse, de Trikala, de Metzovo, ou bien on examinait l’idée d’une cession de la Crète suggérée assez inopinément par l’Allemagne ; mais, dans cette hypothèse, la Turquie refusait tout autre territoire, tandis que les ambassadeurs persistaient à réclamer l’extension de la frontière grecque sur le continent. On reprenait alors le projet de délimitation : la Porte excluait le golfe de Volo et Préveza ; notre ambassadeur demandait les hauteurs de l’Olympe. Au milieu de ces combinaisons diverses, le gouvernement ottoman profitait de l’embarras visible des Cours pour maintenir ses réserves et obstruer les issues. Les pourparlers traînaient en longueur et l’on commençait à redouter qu’une délibération si embrouillée et si hésitante n’aboutît qu’à un avortement. La France était décidée à se rallier à l’opinion des autres Cabinets, mais encore fallait-il qu’un projet obtînt l’adhésion générale. Il était évident qu’une impulsion décisive pouvait seule conjurer une crise, entraîner les dissidens, triompher de l’inertie calculée de la Porte et calmer la nervosité des Hellènes.
Cette impulsion vint enfin à se produire, et l’on peut dire que, dans la situation et par la force des choses, elle était en quelque sorte inévitable. L’Europe était lassée de tant de projets contradictoires et de temporisations vaines, et il ne se pouvait faire qu’une heureuse occasion ne fût offerte par quelqu’une des Cours à l’impatience des autres. Ce furent les Cabinets d’Allemagne et d’Angleterre qui provoquèrent ce mouvement unanime d’où dépendait la solution. Une entente intervint entre eux pour des propositions cette fois claires, suffisamment équilibrées, et, à la rigueur, acceptables. Elles avaient été secrètement ébauchées à Berlin, un peu avant les négociations de Constantinople et en prévision de leur insuccès, par le prince de Bismarck et M. Goschen, ambassadeur britannique qui se rendait alors à son poste auprès du Sultan. Il n’en avait pas été question tant qu’on s’était flatté que les plénipotentiaires et la Porte réussiraient à préparer un projet commun ; mais, lorsqu’il fut sensible que la délibération s’égarait et risquait fort d’échouer, le gouvernement anglais, d’accord