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la poursuite de l’escadre ennemie, que l’Anson et l’Ethalion n’avaient pas quittée.

Le 11 octobre, quand les Français se croyaient au but et saluaient les côtes d’Irlande de leurs acclamations, quand Hardy se disposait à atterrir au lac Swilly, l’escadre anglaise fut signalée. Elle avait le vent, la liberté de manœuvre, 520 canons contre 400 ; les navires français, encombrés de troupes, avaient subi de graves avaries. Bompard laissa entourer le Hoche par les vaisseaux de Borlase Warren ; il ne sut pas donner à ses frégates l’ordre de courir, toutes voiles dehors, aux Anglais, et de remplacer la canonnade à distance par un audacieux abordage, où les bataillons de Sambre-et-Meuse auraient eu raison des marins britanniques, moins nombreux, sinon moins braves. Bompard accepta la bataille navale, et il la perdit, après avoir combattu 4 heures, un contre cinq, pour sauver ses frégates. Ce fut un glorieux désastre.


COMBAT DU Hoche.
Rapport du général Hardy au Directoire.


21 vendémiaire.

Après 29 jours d’une navigation extrêmement pénible, la division commandée par Bompard, qui devait porter en Irlande les troupes dont vous m’aviez confié le commandement, était arrivée, le 20 vendémiaire, à hauteur de l’île Tory. Il ne nous restait plus que 7 à 8 lieues à faire pour entrer dans le lac Swilly, que, de concert avec Bompard, j’avais choisi pour notre débarquement. Le temps était beau, le vent favorable ; depuis deux jours, nous avions perdu de vue le vaisseau rasé et les deux frégates ennemies qui, depuis l’île d’Ouessant, nous avaient constamment observés. Tout semblait nous présager un succès complet.

À midi, nous aperçûmes une escadre anglaise composée de huit vaisseaux, qui forcèrent bientôt de voiles, les uns pour nous reconnaître de plus près, les autres pour gagner le vent. Dans ce moment même, nous éprouvâmes une avarie irréparable par la fracture et la chute de notre grand mât de hune. Il ne m’appartient pas de vous donner les détails des manœuvres qui furent faites pour atteindre notre but et remplir vos intentions ; je laisse ce soin aux officiers de marine[1].

  1. Cf. Journal de bord du capitaine de frégate Bargeau, commandant la Résolue.