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Le général Hardy était envoyé en Angleterre avec son chef d’état-major Simon et ses aides de camp Vallin et Sauvage.


II

Deux ans après son retour de captivité en Angleterre, à Litchfield, et après avoir fait, en ces quelques mois, des campagnes sur le Danube, en Helvétie, à l’armée du Rhin et en Bavière, où, l’on s’en souvient, il se battit glorieusement, Hardy, alors inspecteur général aux revues, était nommé président du Comité central de l’inspection générale par le Premier Consul, qui lui destinait le ministère de l’Administration de la Guerre, qui fut créé seulement le 8 mars 1802. Mais Hardy en avait assez déjà des fonctions administratives. La blessure reçue au combat d’Amplingen, en Bavière, était fermée, sa sciatique vaincue ; il était impatient de tirer le sabre du fourreau.

Oubliant le serment qu’il avait fait, à l’issue de cette malheureuse expédition d’Irlande, qu’on ne le prendrait plus à courir les mers, il accueillit avec transport l’offre que lui fit le beau-frère de Bonaparte, Leclerc, de faire partie, comme général de division, de l’expédition de Saint-Domingue.

Il ne se doutait pas, en s’asseyant à Plombières à la table de Pauline Bonaparte, qu’il l’accompagnerait, l’année suivante, à Haïti et qu’il mourrait, lui aussi, tout jeune encore, comme ses compagnons d’armes, Marceau,'Hoche et Leclerc lui-même, sans avoir rempli toute sa destinée.


EXPÉDITION DE SAINT-DOMINGUE.
Le général de division Hardy à sa femme.


À bord de la Révolution, en rade de Brest,
4 brumaire an X (26 octobre 1801).

Me voilà en rade, attendant, comme toute l’escadre, que le vent favorable nous pousse en pleine mer. Jusqu’à ce moment il a été contraire ; mais il peut tourner au Nord. Nous sommes parés à tout événement.

Un arrêté des Consuls nous permet de laisser à nos familles le