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du vice-amiral commandant en chef l’armée navale sera rentré à bord du Bouvet le 21 juillet 1900, à 1 h. 45 de l’après-midi...., etc., etc. »

5 heures du soir. — Le commandant revient. Nous savons qu’il est allé à la gare l’accompagner, et nous sommes là, autour de la coupée, pour tâcher de savoir comment ça s’est passé.

« Ça s’est passé très simplement, dit le commandant en répondant à l’interrogation muette du capitaine de frégate ; il n’a pas dit grand’chose ; nous non plus. Nous n’aurions pu, ni les uns, ni les autres. Il a serré les mains bien fort... Et le train est parti. »

Le commandant descend. Nous restons là, sur le pont, rêveurs. Chacun pense à ce train qui s’en va vers Paris. C’est vrai, nous savions que ce n’était pas pour durer ; mais comme ç’a été vite fini ! Et puis, que voulez-vous ? On lui est attaché, on l’aime...


Journée d’adieux, du reste, journée pénible ! A 2 heures, on avait pris congé du chef de l’escadre du Midi, et là encore les cœurs avaient battu, les voix tremblaient un peu...

Voilà donc tous les liens détachés qui nous retenaient encore à cette belle Méditerranée, à ce souriant et cher Toulon. Allons, morbleu ! Plus de regrets, mes amis ! Voyez seulement ce ciel, cette mer, qui déploient toutes leurs séductions... Le Midi est mort pour nous. Vive le Nord !


Et maintenant, faisons notre bilan. Résumons les principaux enseignemens que nous laisse ce mois de manœuvres où se trouvèrent réunies à peu près toutes nos forces navales des mers d’Europe.

Laissons de côté les derniers jours. Il ne faut pas demander au noble cheval de guerre réduit à courir en rond dans un cirque ce qu’il pense de la représentation. Cherbourg ne console ni de Kiel, ni de Fachoda..., au contraire ! Heureux encore, toutefois, si de la belle ordonnance de ces fêtes, si surtout de l’émotion d’une imposante revue, — que de hautes convenances justifiaient, — le pays peut conclure, logicien naïf, à la puissance de sa marine, et s’il sait enfin prendre conscience de ce que nous pourrons faire... quand il voudra !

Mais, sérieusement, du 21 juin au 12 juillet, qu’avons-nous fait, qu’avons-nous appris ?