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VI

Il y a malheureusement une ombre à ce tableau : si, par le fait de ces résultats, l’administration coloniale française est complètement lavée du reproche d’être une entrave au mouvement commercial, le commerce et l’industrie de la France n’ont pourtant pas profité de cet essor autant qu’ils l’auraient pu. L’exportation de nos établissemens de la côte occidentale vers la France ou ses autres colonies, qui était de 16 millions en 1892, n’est parvenue qu’à 26 millions et demi en 1898, soit seulement un peu plus de la moitié de l’exportation totale ; l’importation des produits de la métropole et de ses colonies, qui était de 15 millions en 1892, n’a atteint que 23 millions en 1898, soit un peu plus du tiers de l’ensemble. Mais cela tient à des causes générales et profondes, de beaucoup antérieures à notre récente expansion coloniale, et qui, pour disparaître, exigeraient une réforme intégrale de nos habitudes industrielles ou commerciales. A l’exportation de la côte occidentale d’Afrique, les huiles et amandes de palme et les arachides viennent seules volontiers en France, tandis que le caoutchouc, l’ivoire, l’acajou, la gomme vont en Angleterre chercher le marché du monde. A l’importation, ce qu’il faut surtout ce sont des cotonnades et des alcools de traite : non seulement les nôtres ne parviennent que péniblement à lutter pour le bon marché avec les produits anglais ou allemands, mais nos commerçans ne trouvent ni chez nos industriels ni chez nos banquiers le crédit à long terme indispensable pour mener des opérations de cette nature dans les pays