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LES ARMES ANCIENNES
À L’EXPOSITION UNIVERSELLE

On peut dire de la partie archéologique de l’Exposition de 1900 qu’elle est assurément unique. Il faut se montrer reconnaissant aux étrangers qui nous ont si généreusement confié leurs richesses, et remercier, particulièrement la reine d’Espagne pour sa libéralité : grâce à la régente Marie-Christine d’Autriche, Paris aura vu l’incomparable suite des tapisseries, des boucliers et des casques, qui, depuis quatre siècles peut-être, n’avaient point quitté le palais de Madrid. La Hongrie n’est pas restée en arrière, elle nous a envoyé les reliques des guerres turques, les harnais, les estocs et les palaches de ses hussards, ses glaives de justice. Enfin nos Musées de province, nos principaux amateurs, nos gros financiers, emportés par un patriotique enthousiasme, se sont séparés, pour un temps, des trésors d’art dont regorge le Petit Palais.

De tout cela, je voudrais sommairement esquisser l’histoire, dans la mesure de ma compétence : c’est dire que je ne m’appliquerai qu’à parler des armes. Mais si traiter des choses du passé est affaire grave et délicate, tant on est toujours menacé de s’entendre accuser de légèreté ou de pédantisme, au sens de chacun, on marche, quand on s’occupe des armes, entre des abîmes, et là, plus que partout ailleurs, sur le terrain archéologique, l’arbitraire vous entoure. Tout est incertitude et erreur. Moins que toute autre, la science des armes est codifiée. Et, pour tout dire, elle est encore dans ses langes. Au reste, il convient d’avouer que nous ne savons presque rien sur les objets de la vie courante,