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de glace une sorte de centre de formation et une direction de débâcle, c’est-à-dire de destruction. La glace de mer se forme en plus grande quantité aux entours d’un point de l’océan Arctique où la température de l’atmosphère est plus basse que partout ailleurs. Ce pôle du froid est situé près des îles de la Nouvelle-Sibérie, environ par le 145e degré de longitude orientale et le 75e degré de latitude. Il en existe vraisemblablement un second à l’Ouest du côté de la côte américaine : mais nous n’avons besoin ici d’envisager que la partie orientale. D’autre part, ces glaces sont entraînées par le grand courant d’eaux polaires que Nansen a bien fait connaître, qui draine vers l’Atlantique l’océan Glacial.

Il y a, pour les eaux froides que les fleuves de la Sibérie et de l’Amérique septentrionale déversent constamment dans le bassin arctique, une seule issue véritablement large et on rapport avec l’abondance de l’afflux : c’est le vaste espace qui s’étend entre le Groenland à l’Ouest et la Nouvelle-Zemble à l’Est, et qui est parsemé d’îles, telles que le Spitzberg et l’archipel de François-Joseph. C’est par-là que les eaux affluentes de l’océan Glacial, circulant sous la glace de la banquise, trouvent leur écoulement dans l’Atlantique. Il y a deux autres exutoires encore, mais moins aisés de beaucoup. La décharge dans le Pacifique peut se faire par le détroit de Behring ; mais celui-ci représente un canal étroit et peu profond et par conséquent insuffisant. La seconde voie de dégagement serait offerte par le détroit de Smith, à l’ouest du Groenland, qui amènerait les eaux polaires dans la baie de Baffin ; mais ce chenal est plus étranglé encore que le précédent et plus insuffisant.

Le grand courant qui coule ainsi sous la plaque de glace polaire, entraîne celle-ci dans son mouvement ; et lorsque, au retour de la belle saison, le bord de la banquise se disloque, les blocs détachés cheminent dans le même sens. Ils descendent, de conserve, avec les icebergs issus du glacier groënlandais, l’Atlantique septentrional, jusqu’à ce que les eaux chaudes du Gulf-Stream, venues à leur rencontre, les aient fondus.


Cette conception si lumineuse du régime des eaux dans l’océan Glacial était fondée sur l’observation des bois flottés amenés dans la mer Arctique par les fleuves sibériens et qu’on retrouve au point diamétralement opposé du cercle polaire,