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Il est resté, depuis cette époque, un fervent et fidèle ami des études aéronautiques, et son nom se trouve toujours mêlé à l’histoire des progrès de cette véritable science de l’avenir.

En décembre 1871, M. Janssen va observer, dans les Nilgherris, une autre éclipse, qui l’amène à supposer l’existence d’une nouvelle enveloppe solaire, l’atmosphère coronale.

En 1874, de nombreuses expéditions se préparent à observer, dans des stations lointaines, le passage de Vénus sur le Soleil. M. Janssen, qui était déjà membre de l’Académie des sciences et du Bureau des longitudes, se trouvait tout désigné pour conduire au Japon l’une des missions françaises, dont faisait partie M. Tisserand. C’est pour mieux fixer les phases successives du passage de la planète qu’il imagina le revolver photographique, qui permet de saisir au vol l’image fugace d’un objet en mouvement. On peut dire que cet ingénieux appareil a été le point de départ du fusil photographique de M. Marey, et peut-être du cinématographe. M. Janssen ne revint pas d’ailleurs en France sans avoir encore observé, au Siam, l’éclipsé du 6 avril 1875.

Le second passage de Vénus, qui eut lieu le 6 décembre 1882, fut observé par M. Janssen à Oran, par un temps superbe. Des études entreprises, à cette occasion, sur la nature de l’atmosphère de Vénus aboutirent seulement à faire ressortir les difficultés très grandes de ces sortes de recherches, qui demandent des instrumens très délicats. L’année suivante, M. Janssen conduisait encore une mission à l’île Caroline, située dans l’Océan Pacifique, à 200 lieues au nord de Taïti, pour y observer, avec M. Trouvelot, l’éclipsé totale du 6 mai 1883 ; des astronomes étrangers, MM. Tacchini et Palisa, avaient demandé à se joindre à la mission française. Les recherches portèrent, cette fois, plus particulièrement sur la nature et la constitution de la couronne solaire; il fut constaté qu’elle nous envoie une forte proportion de lumière réfléchie, qui indique la présence de poussières cosmiques. En revenant de Caroline par Taïti, on relâcha aux îles Sandwich, et M. Janssen passa seul une nuit sur le bord du cratère de Kilauéa, à étudier le spectre des flammes qui s’échappaient du volcan et qui lui rappelaient les éruptions solaires.

Au retour de ce long voyage, le regretté M. Blanchard, alors président de l’Académie, adressa à son confrère une touchante allocution ; il fit une remarque aimable qui mérite d’être citée. « Vous nous avez tant accoutumés à vos départs pour des contrées