Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 162.djvu/557

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

funèbre de Diane légitimée de France, duchesse d’Angoulême, prononcée en 1619, et un panégyrique de saint Joseph, qu’il fit entendre beaucoup plus tard, en 1665. Ni l’un ni l’autre de ces discours n’est de nature à nous faire regretter beaucoup la rareté du recueil de ses Sermons publié, paraît-il, la même année et devenu introuvable. Mathieu de Morgues se vante pourtant beaucoup, — il se vante souvent, et son excuse, c’est qu’il avait à se défendre, — des succès de sa prédication. Rien n’empêche de le croire, le goût de ses contemporains ayant été, en fait d’éloquence de la chaire, si différent du nôtre. Quand on a lu le traité qu’il publia en 1617 sous le titre de Déclaration de la volonté de Dieu sur l’institution de l’Eucharistie contre les erreurs de Pierre du Moulin, ministre de la religion p. r., on se demande s’il n’aurait pas trouvé dans la controverse théologique le genre le mieux approprié à son esprit solide et très cultivé : cela est vigoureux, sobre et bien raisonné.

Ce fut dans une autre voie, moins favorable à son talent, plus fâcheuse pour son repos, que les événemens allaient l’engager. Ses entrées au Louvre l’avaient mis en rapport avec Marie de Médicis, avec Richelieu ; il devint le domestique de la première, il subit l’ascendant et accepta le patronage du second. Quand Marie fut reléguée à Blois, il l’y suivit très probablement, car ce fut là que parut le Manifeste de la reine mère (1618), qu’il n’avoue pas, il est vrai, mais que Niceron et Lelong sont d’accord pour lui attribuer. En revanche, il se reconnaît l’auteur des Vérités chrétiennes au roi très chrétien (1620), que l’on désigne aussi sous le titre de Manifeste d’Angers, parce qu’il fut publié dans cette ville à la veille de la guerre civile qui avorta si piteusement aux Ponts-de-Cé et se termina par la paix signée également à Angers le 10 août 1620. Ce manifeste fut commandé par Richelieu, qui lui donna sa pleine approbation, et dont on trouve les idées dans le programme politique qui le suit. L’abbé de Saint-Germain avait assez mérité, dans cette circonstance, l’animosité du parti vainqueur et la reconnaissance du parti vaincu pour que le connétable de Luynes demandât son éloignement et que Richelieu, au nom de sa maîtresse, le lui refusât[1]. La charge de prédicateur ordinaire de la reine mère le récompensa de son dévouement.

La prise de possession du pouvoir par Richelieu (août 1624)

  1. Lettre d’un vieux conseiller d’État à la reine mère, par Chanteloube.