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LE PROBLÈME CHINOIS

LE CÉLESTE EMPIRE ET LE MONDE CIVILISÉ

Le monde civilisé a bien de la peine à trouver une solution, même incomplète et provisoire, du problème chinois. Il croyait, depuis deux ans, sinon en avoir fini avec cette inquiétante question, du moins ne plus la voir se poser d’une manière pressante d’ici assez longtemps. Il se berçait de l’illusion qu’on était parvenu à créer aux étrangers en Chine une situation tolérable, leur permettant d’exercer leur activité d’une manière suffisante et sans être molestés ; d’autre part, les convoitises territoriales et commerciales des divers États d’Europe paraissaient momentanément satisfaites ; le gouvernement américain, en obtenant de toutes les grandes puissances l’engagement de ne pas établir dans leurs « sphères d’influence » de droits douaniers qui pussent léser les intérêts commerciaux d’autrui, semblait avoir réconcilié les partisans de ces sphères d’influence et ceux de la « porte ouverte. » Enfin on pouvait croire la cour de Pékin, non certes convertie aux idées de progrès, mais trop convaincue de sa faiblesse pour résister plus longtemps à l’Europe, et résignée enfin à subir l’introduction dans l’Empire de bien des nouveautés qui lui déplaisaient.

Les principales voies ferrées concédées de 1896 à 1898 commençaient donc à se construire. Sur la ligne de Mandchourie, qui doit former le dernier tronçon du Transsibérien, les travaux avançaient si rapidement que les Russes pouvaient espérer s’en servir pour le transport des troupes dès 1902. Les rails étaient posés sur