Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 162.djvu/833

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

phrases du mémoire soumis à l’Institut de droit international par D.-D. Field, qu’on ne peut pas soupçonner de malveillance envers les peuples de l’Extrême-Orient : « J’ai vu moi-même des accusés amenés devant un juge chinois pour être jugés. Chacun d’eux avait autour du cou une chaîne dont l’extrémité était rivée à une lourde pierre, qu’il était obligé de soulever au moindre mouvement : arrivé en présence du juge, l’accusé se prosternait sur les pieds et les mains et restait dans cette posture pendant toute l’instruction, osant à peine lever les yeux ; une troupe d’assistans entourait le juge, prenant part à cette instruction, interrompant, suggérant des questions, et, si l’accusé osait discuter les charges, il était mis à la torture par des gens de service, qui semblaient faire partie du tribunal autant que le juge lui-même. » Qui le croirait ? Ce mépris de la personne humaine infecte jusqu’à la procédure civile. M. Chester Holcombe raconte que, siégeant dans une commission d’arbitrage avec un magistrat chinois, il parvint, non sans peine, à faire dispenser deux témoins américains de se mettre à quatre pattes pendant leurs dépositions ; les témoins chinois se prosternèrent selon l’usage.

Les cinq formes habituelles de châtimens sont : la bastonnade, la cangue[1], la marque, le bannissement et la mort. Mais quelle mort ! La cruauté chinoise n’a pas de limites. Non contente de la décapitation, de la strangulation, du crucifiement[2], elle a trouvé le supplice des cent plaies, le découpage à petits morceaux, le supplice du rat[3], le supplice du sel[4], la combinaison de l’étrille et du feu[5]. Je m’arrête : le soleil n’a pas éclairé d’horreurs comparables au système des pénalités chinoises.

L’emprisonnement ne figure point parmi ces pénalités. Les prisons sont des lieux de détention préventive ou des salles

  1. Voyez, sur la bastonnade et la cangue, un intéressant article du Moniteur Universel (2 août 1900).
  2. D. D. Field atteste le fréquent usage du crucifiement.
  3. Le patient a les mains liées derrière le dos et la tête enfermée dans une cage où un gros rat lui dévore successivement les yeux, le nez, les oreilles, les os.
  4. On enlève au coupable la peau des mains : on y place du sel marin et on lie fortement le tout avec des cordages mouillés ; les cordes se rétrécissent sous l’action du soleil, la main se resserre horriblement, les ongles entrent dans les chairs et le patient meurt fou.
  5. On applique sur la peau une plaque métallique rougie au feu qu’on enlève quand la chair est grillée ; on applique sur la plaie une étrille et toutes les cinq minutes, le bourreau donne un coup de marteau sur l’étrille. Le patient meurt au bout de trois jours dans d’atroces convulsions (même article du Moniteur).