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LES
LIVRES D'ÉTRENNES

L’Exposition de 1900 ne pouvait manquer d’avoir son effet sur la production des livres d’étrennes. Mais ce n’est pas en pure perte que cette influence s’est exercée, car, si le nombre en est moins grand, maints livres d’art sont nés de cette Exposition même, et ce ne sont ni les moins intéressans, ni les moins remarquables. La faveur du public s’y attachera sans doute comme elle est allée aux Rétrospectives, et, maintenant que ces palais, vrais palais de Contes de fées, se sont glacés et ne reflètent plus qu’une ombre dans le miroir terni sous la brume du fleuve qu’ils encadraient si bien de leurs architectures composites ; maintenant que la vie s’est retirée de ces édifices, si rians et si vivans naguère, ceux qui les contemplèrent retrouveront dans ces reproductions parfaites quelque chose de ce qui fit leurs délices au milieu de ces collections rares : le souvenir des douces heures passées dans l’intimité de la vieille France.

C’est ce souvenir que M. Jules Comte a réussi à fixer, en groupant, dans un ordre méthodique, les chefs-d’œuvre, un instant rassemblés pour être bientôt dispersés, qui furent le triomphe indiscuté de cette Exposition et fournirent la preuve que, pour l’originalité de l’invention, la recherche de la forme, l’élégance du style et la perfection de l’exécution, la France d’autrefois, pas plus que celle d’aujourd’hui, ne fut dépassée dans les arts décoratifs par aucun autre peuple. Certes la tâche était délicate ; mais elle a été menée à bien dans cette œuvre collective d’écrivains et d’artistes d’une autorité incontestée, qui ont dû se borner à esquisser à grands traits dans l’Art à l’Exposition