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les rosaces ornées de vitraux antérieurs au XIIIe siècle que possède la cathédrale de Bourges[1], et tout l’art du vitrail sont décrits avec une érudition spéciale dans ce livre de MM. S. Clément et A. Guitard, qui résume les meilleurs enseignemens des maîtres.

Tous ceux qui ont quelque peu parcouru les Musées de province[2] ont été plus d’une fois émerveillés par les richesses trop ignorées, par les œuvres d’art que le temps ou les hasards de la fortune y ont disséminées quand l’homme ne les y a pas lui-même enfouies dans l’obscurité de nos collections provinciales. L’importance de ces œuvres, souvent aussi singulières par leur rareté que par leur mérite, devait frapper M. Louis Gonse dans ses promenades archéologiques. Ses recherches ont porté sur plus de trois cent cinquante musées, qu’en dehors de Paris et du groupe des Musées nationaux, possèdent les villes, les communes et les départemens, et dont une centaine au moins contiennent des tableaux anciens. C’est parmi quarante mille tableaux que M. Louis Gonse, avec le goût et l’expérience que l’on sait, a distingué plusieurs centaines d’œuvres hors de pair, cherché et découvert partout où elle se cachait l’œuvre rare. Dans ce bel ouvrage, l’École française tient naturellement la première place. Il offre en raccourci une histoire de la peinture de notre pays. Tous nos grands maîtres y sont représentés, depuis le XVIe siècle, par des spécimens de choix. Beaucoup de personnalités locales : les Rivalz, Voilles, Revel, Tassel, émergent, de l’ombre où on les avait laissés, avec des toiles de premier ordre. Certains artistes, comme Le Nain, prennent une place très honorable. Il n’est pas jusqu’aux écoles étrangères dont les œuvres ne soient des plus abondantes, des plus instructives et des plus précieuses.

C’est comme une sorte de musée du siècle, dont les collaborateurs sont tous les hommes d’État et hommes de guerre, les grands écrivains, les artistes et les littérateurs les plus illustres, qui se trouve constitué, pour la première fois, dans cet ouvrage d’une rare valeur : le Dix-Neuvième Siècle[3], d’une exécution parfaite. Appuyées sur les récits les plus caractéristiques et les plus piquans des contemporains mêmes, les annales s’en déroulent en une revue des plus attrayantes. Les

  1. Vitraux de Bourges, par MM. S. Clément et A. Guitard, 1 vol. in-8o illustré ; chez Tardy-Pigelet à Bourges, chez Verdier à Paris.
  2. Les Chefs-d’Œuvre des Musées de France, la Peinture, par M. Louis Gonse ; 1 vol. in-4o illustré : Société française d’éditions d’art. L.-Henry May.
  3. Le Dix-Neuvième Siècle : les Mœurs, les Arts, les Idées, 1 vol. in-8o Jésus, illustré de 10 planches en taille-douce et de nombreuses gravures ; Hachette.