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Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/108

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ou si sa mort fut l’œuvre de quelques-uns de ses complices qui redoutaient ses révélations.

Il était incarcéré depuis plusieurs mois, lorsque le marquis de Surville reparut dans le Vivarais. C’était à la fin d’août. Sa longue absence n’avait profité ni à lui ni à ses compagnons. Il rentrait sans avoir pu mener à bonne fin la mission dont ils l’avaient chargé, n’ayant obtenu du Roi ni pouvoirs ni secours, ayant dû se résigner, pour ne pas enfreindre la volonté royale, à se mettre sous les ordres du général de Précy, qui ne pensait pas que l’heure d’agir fût venue et qui s’efforçait de paralyser les tentatives isolées, ne croyant qu’à l’efficacité de celles que seconderaient les années étrangères. « Les malheurs qui ont suivi le siège de Lyon lui en font redouter de plus grands encore, écrivait, en septembre 1795, Imbert-Colomès au prince de Condé. Il tremble, non pour lui, mais pour ses compatriotes. Il voudrait différer tout mouvement jusqu’à ce que les années des Puissances combinées aient eu quelques succès. » Telle était encore en 1797 l’opinion de Précy.

Dans les rares relations, très incomplètes d’ailleurs, et souvent inexactes, que les historiens compatriotes de Surville lui ont consacrées, il est dit uniformément qu’en revenant dans le Vivarais, il rapportait le brevet de commandant suprême dans la Haute-Auvergne, le Vivarais et le Velay, qui lui aurait été octroyé par Louis XVIII. C’est le contraire qui est vrai. Comme nous l’avons dit, il revenait les mains vides, victime d’une défiance égale à celle dont, peut-être avec plus de raison, avait été l’objet Bésignan, de la part des grands chefs du parti royaliste, et qui durait toujours[1]. Le 8 mars 1797, le Roi en envoyant Surville à Condé, lui disait : « C’est M. de Surville qui vous remettra cette lettre, mon cher cousin. Vous connaissez l’homme ; ainsi, je n’ai rien à vous en dire. J’espère qu’en le mettant de plus en plus, ainsi que j’ai tâché de le faire, dans la main de M. de Précy, sa tête n’aura pas d’inconvéniens et que son zèle pourra servir. »

Lorsque Surville remit ce message à Condé, il y avait près d’une année qu’il sollicitait des pouvoirs. Le Roi les lui ayant refusés, Condé ne pouvait les lui donner et se contenta, de l’envoyer à Précy. « J’ai fait partir Surville ce matin avec les paquets pour

  1. « Sa tête est exaltée plus que jamais. Il déclame beaucoup contre ceux qui ne veulent pas lui donner de l’argent pour suivre ses projets. » — Imbert-Colomès à Condé.