moi, je ne puis prendre de renseignemens sur le journaliste de Lausanne. Mais je charge le commandant de la place de Lyon d’en recueillir sur les citoyens auxquels les deux autres lettres ont été adressées. »
La mort du marquis de Surville et celle de Dominique Allier eurent pour effet de décapiter le parti royaliste du Midi. Mais il fallut deux ans pour en finir avec ces bandes. Une dernière tentative préparée contre la manufacture d’armes de Saint-Etienne fut déjouée par la victoire de Marengo. Dans l’intervalle, les héros des insurrections disparaissaient, s’efforçaient de se faire oublier, ou périssaient, tantôt « sous la hache de la loi, » tantôt dans quelque tragique aventure.
Nous avons dit que, dès 1797, le maçon Levasseur avait été pris et exécuté. Deux ans plus tard, Fontanieu dit Jambe-de-Bois subissait le même sort. Delaur, dit Martin Moustache, se laissait surprendre à Saint-Geniez et était aussitôt fusillé. Fusillé aussi au coin d’un bois, le curé d’Alleyrac, Raymond. Même histoire pour les frères Rouche ; dans une rencontre avec les troupes, l’ainé était fait prisonnier, tandis que son cadet, quoique gravement blessé, parvenait à s’enfuir et à se dérober un an encore à l’échafaud qui l’attendait. Le curé Solier, dit Sans-Peur, en dépit de son intrépidité et de ses ruses, n’avait pas meilleure fortune. Arrêté », lui aussi, et tandis que sa bande, pour le venger, massacrait vingt-huit conscrits qui allaient de Rodez à Montpellier, il comparaissait devant un conseil de guerre à Avignon, obtenait, à force d’habileté, son acquittement, et, redevenu libre, recommençait ses brigandages, jusqu’au jour où, traqué de toutes parts, il était assiégé dans un château en ruines qui lui servait île refuge, s’y défendait en désespéré et périssait les armes à la main. En janvier 1800, à Cavillargues, humble village des Cévennes du Gard, le P. Chrysostome, dit le Capucin Boiteux, était surpris à l’autel, disant sa messe et arrêté en pleine église. Une note dans un rapport constate « qu’il a expié ses crimes. » Les fils de ceux qui l’avaient connu affirmaient, il y a quarante ans encore, que ce fut « un héros de courage et de zèle apostolique et qu’il mourut comme un saint. » Où est la vérité ? Elle oblige à dire qu’en cette même année, une commission militaire fonctionnant à Milhau dans l’Aveyron prononça trente condamnations à mort.
Plus heureux, d’autres acteurs de ces événemens étaient parvenus à s’enfuir : tels Raymond de Pourqueyrolles, dit