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principe général. Déjà, il est vrai, Chossat et Boussingault avaient appelé l’attention sur la présence obligatoire de la chaux, et Hecquerel et Rodier sur celle du fer. Mais ce n’étaient là que des études particulières. Liebig posa le principe général. Les animaux ont besoin, pour s’entretenir, d’albuminoïdes, des graisses, ou féculens ou sucres, et d’alimens minéraux. Mais ce n’est pas Liebig qui en donna la démonstration ; ce fut Forster.

A la vérité, l’expérience de Forster porte sur l’ensemble des matières minérales et non pas spécialement sur le chlorure de sodium. C’est une épreuve d’inanition minérale complète et non pus l’inanition salée. Elle fournit pourtant quelques renseignemens sur les suites que peut avoir la suppression du sel dans l’alimentation.

Chez l’animal, aussitôt que le régime fut institué, la quantité de sel rejetée par les émonctoires baissa considérablement, tandis que l’urée et les déchets organiques se maintenaient à leur taux habituel. L’organisme retient donc ses matières minérales : les mutations du chlorure de sodium engagé dans les combinaisons organiques sont minimes. Après vingt-six jours de ce mode d’alimentation, l’animal n’avait perdu que 7 grammes de ce chlorure de sodium combiné. Sa santé, cependant, s’était profondément altérée. Il s’était affaibli de jour en jour ; des troubles nerveux étaient apparus, consistant d’abord en hébétude, inertie, paralysie des membres ; et, plus tard, avaient éclaté des convulsions et des accès de rage. La sécrétion gastrique avait diminué, dès le début : ultérieurement elle ne contint plus d’acide chlorhydrique ; les accidens digestifs graves survinrent à la fin. L’animal d’ailleurs avait très peu maigri, et son dépérissement, sa déchéance corporelle et physique étaient bien le résultat de la suppression des sels minéraux. La perte en sel ordinaire n’avait, sans doute, qu’une part dans la production de ces accidens ; les autres sels, particulièrement les phosphates, y intervenaient aussi. Néanmoins on est frappé de voir que des variations aussi minimes aient provoqué des désordres aussi violens. En somme l’animal a succombé plus vile à la privation des seuls élémens minéraux, qu’il n’eût succombé à l’inanition totale, c’est-à-dire à la suppression de tout aliment, à l’exception de l’eau.

La nécessité d’une ration minima de sel ordinaire ressort de ces expériences. Le chlorure de sodium est donc un aliment plastique ; il est rangé par Munk et Ewald dans la catégorie des