traversés si péniblement du côté de l’Aïr jusqu’aux couches les plus récentes.
Les lagunes et les lacs salés sont extrêmement nombreux sur tout le littoral atlantique ou méditerranéen de l’Afrique du Nord. Ils constituent les chotts. On peut y rencontrer le sel à tous ses degrés de formation, comme dans les différens compartimens des salines industrielles. Il y a de ces dépressions lagunaires dans lesquelles l’eau marine, une fois coupée de ses communications avec la mer, a déposé sans incident, à la suite d’une évaporation prolongée, tous les corps qu’elle contenait en dissolution. Elle a fourni ainsi le sel total. D’autres fois, les barrières qui y retenaient l’eau salée ont pu céder sur quelque point ; alors, le liquide qui a été évacué par ces ouvertures de décharges après avoir abandonné seulement une partie de ses matériaux, a fourni un dépôt incomplet réduit aux sels qui se déposent les premiers. On peut imaginer que le phénomène ait été arrêté à l’une quelconque des phases de la précipitation : ou peut supposer, par surcroît, toutes sortes d’alternatives de rupture et de rétablissement des communications avec la mer ou avec les bassins d’évacuation. On aura ainsi constitué les dépôts les plus divers des sels dissous dans l’eau de mer et réalisé les superpositions de couches les plus fantaisistes : on n’aura pas encore dépassé le nombre des combinaisons que la nature a pu réaliser. Il est donc impossible d’affirmer, d’après la composition inhabituelle ou singulière d’un dépôt salin, et les alternances anormales de ses couches, qu’il n’a pas une origine marine, puisque toutes les dispositions peuvent se présenter.
Si les dépôts partiels dus à l’eau de mer, peuvent, en principe, offrir toutes les variétés imaginables, on sait, au contraire, que le dépôt total formé sans incident, dans un bassin clos et tranquille, présente une constitution d’une constance parfaite.
Quand l’eau de mer est soumise à une évaporation que rien ne vient déranger, elle dépose ses matériaux dans un ordre parfait. D’abord, elle se clarifie ; les débris de roche ou de terre dont elle était souillée tombent au fond. W. Spring a énoncé cette loi, que plus la salure est forte et plus précoce est la précipitation des particules argileuses. Il en résulte que les débris argileux qui rendent les eaux marines boueuses et jaunâtres, se séparent complètement par suite des premiers progrès de