Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 1.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il n’atteint jamais par principe, comptait déjà 58 membres. Sept nouveaux noms se trouvaient en vue, tant à l’étranger que dans la prélature romaine, et l’on savait que, outre les autres États catholiques, qui avaient la promesse d’un chapeau réglementaire, comme l’Autriche, le Portugal, par l’entremise de son représentant, le marquis de Thomar, envoyé spécialement à Rome avec le titre d’ambassadeur, sollicitait très vivement la même faveur pour l’archevêque de Porto. — Il n’y avait donc pas à hésiter davantage, si l’on ne voulait pas renoncer à l’honneur que le Saint-Père voulait faire à la France catholique dans la première promotion du nouveau pontificat.

Ces réflexions décidèrent le gouvernement, et, le 22 janvier 1879, je reçus le télégramme suivant de M. Waddington :

« Le gouvernement a décidé de proposer au Saint-Père pour le cardinalat l’archevêque de Toulouse (un des quatre désignés par le Saint-Père) et l’évêque de Poitiers. Je vous prie d’en informer dès à présent le cardinal secrétaire d’État et de lui rappeler que nous considérons la proposition de Mgr Pie comme étant étroitement liée, en fait tout au moins, à la concession d’un septième chapeau pour la France. Je vous écrirai officiellement demain pour confirmer cette décision que j’ai tenu à vous faire connaître sans retard. »

Je reçus trois jours après, par le courrier, la dépêche officielle qui me confirmait le télégramme du ministère et les lettres que le président de la République adressait au Saint-Père pour lui demander d’élever à la dignité de cardinal Mgr Desprez, archevêque de Toulouse, et Mgr Pie, évêque de Poitiers.

Je m’empressai de communiquer cette nouvelle au cardinal secrétaire d’État et de le prier de demander au Saint-Père l’audience où j’aurais l’honneur de lui remettre les deux lettres du Maréchal. Il fut entendu entre nous que la promotion de l’évêque de Poitiers demeurait liée, tout au moins en fait, à la concession du septième chapeau cardinalice à la France, et je laissai copie entre les mains du cardinal de la dépêche officielle du ministère, de manière qu’aucune équivoque ne fût possible. Je cherchai à bien mettre en relief que, malgré l’honneur qui nous était accordé, le gouvernement français n’en faisait pas moins certaines concessions au Saint-Siège, que le Pape, je l’espérais fermement, saurait reconnaître-par le maintien de cette prérogative à la France. Le cardinal Nina et Mgr Czacki le comprirent