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LE DESSIN


CHEZ

LÉONARD DE VINCI



La vie et les œuvres de Léonard ont été, en ces derniers temps surtout, l’objet de nombreux travaux. Grâce aux progrès incessans de l’héliogravure, de magnifiques publications accompagnées de judicieux commentaires mettent en quelque sorte sous nos yeux ses manuscrits eux-mêmes et les dessins qui en font l’ornement. Après M. Séailles, qui consacrait à l’artiste et au savant une pénétrante étude, M. Eugène Müntz nous donnait ici même le résumé de ses longues et heureuses recherches sur le maître et réunissait ensuite dans un beau volume tout ce que les découvertes de ses prédécesseurs et les siennes propres nous permettent aujourd’hui de savoir sur la vie de Léonard, sur son œuvre et sur le milieu où il a vécu.

Si précieux que soient ces travaux, leurs auteurs confessent eux-mêmes que longtemps encore la critique pourra s’occuper d’un pareil sujet sans risquer jamais de l’épuiser, tant il présente de problèmes et de côtés divers. Entre tous ceux qui sollicitent l’attention, il n’en est pas, croyons-nous, qui, mieux que le dessin de Léonard, mérite de la fixer. Le dessin était, en effet, son véritable langage, et c’est par lui que s’est manifestée sa supériorité. Mais en dehors même des chefs-d’œuvre qu’il a laissés et qui attestent son excellence en ce genre, le grand artiste se plaisait à disserter et à écrire sur cette partie de son art. Toujours il le faisait avec cet esprit éminemment philosophique qui constitue un des traits les plus saillans de son originalité. Il nous a donc