ce nom, — on voit que la moitié de la besogne était, en quelque sorte, faite par avance.
Le bec Bunsen n’est cependant pas le brûleur idéal : il ne réalise pas la plus haute température que puisse produire la combustion du gaz. Il faut, pour approcher de ce résultat, recourir à des appareils beaucoup plus compliqués qui assurent, entre autres conditions, un mélange plus intime du gaz combustible avec l’air comburant ; tels sont les différens brûleurs connus sous les noms de brûleur Brandsept, brûleur Denayrouse, brûleurs Lecomte et Saint-Paul.
Le brûleur Bunsen, s’il n’atteint pas cette perfection, en approche. Il a pour lui son extrême simplicité. Le jeu d’une virole permet de régler la quantité d’air admise à se mélanger au gaz avant inflammation.
L’aspect de la flamme varie avec la proportion de l’air introduit. Dans les becs à incandescence, il entre sept à huit volumes d’air pour un volume de gaz : la flamme est courte, tassée, pâle ; elle est formée de deux cônes emboîtés, l’un, intérieur, d’une teinte violette ou verte selon les cas, l’autre, extérieur, plus pâle. La température y varie, dans les différentes parties, de 1 100 à 1 600 degrés. Lorsque, au contraire, l’air n’a plus d’accès, la flamme devient longue, molle, jaune, éclairante et faiblement chauffante : il y a, dans la partie centrale, des particules de charbon en suspension, non encore brûlées : à mesure qu’elles sont amenées dans la zone extérieure, elles y deviennent incandescentes, et c’est l’éclat qu’elles jettent qui rend la flamme éclairante.
Il n’y a donc pas lieu de maintenir la distinction faite tout à l’heure entre l’éclairage par les flammes et l’éclairage par incandescence des corps solides. Dans l’un et l’autre cas, il y a un corps solide incandescent. Dans le cas ordinaire ce sont les particules de charbon provenant de la décomposition des hydrocarbures du gaz : dans les becs à incandescence, ce sont les particules du manchon de terres rares.
L’adoption du bec Bunsen réalisait la première partie du programme de l’éclairage par incandescence. Le choix du corps incandescent en constituait la seconde. Il fallait trouver, entre tous, celui qui posséderait au plus haut degré la faculté d’irradiation, le pouvoir émissif. Ce fut précisément un élève de Bunsen, Carl Auer, qui y réussit le mieux.